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Algérie : le nouveau président entrouvre les portes des prisons

Le nouveau président algérien Abdelmadjid Tebboune a fait libérer plusieurs dizaines de prisonniers du Hirak, le mouvement de contestation populaire. Un premier geste d’apaisement envers l’opposition au régime.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Temps de lecture : 2 min
Une des figures de la contestation populaire (Hirak), Lakhdar Bouregaâ, 86 ans, vétéran de la guerre d'indépendance, a été remis en liberté par la justice algérienne après six mois de détention. Photo prise le 2 janvier 2020. (RYAD KRAMDI / AFP)

La demande d'Abdelmadjid Tebboune de libérer des dizaines de prisonniers d’opinion du Hirak est un signe d'apaisement et d'ouverture, deux semaines après sa prise de fonction. Selon la télévision algérienne, 76 détenus ont déjà bénéficié de mesures de libération conditionnelle, dans l’attente d’un procès renvoyé à une date ultérieure.

Une figure du mouvement libérée

C’est le cas d’une des figures de la contestation, Lakhdar Bouregaâ, 86 ans, vétéran de la guerre d'indépendance, remis en liberté après six mois de détention. "Son procès, qui devait s'ouvrir cette semaine a été reporté, le juge a décidé de le libérer", a expliqué son avocat Me Abdelghani Badi.

L'arrestation à son domicile de Lakhdar Bouregaâ, puis son placement en détention préventive, le 30 juin 2019, avaient suscité l'indignation, dans les manifestations du Hirak, auxquelles M. Bouregaâ participait régulièrement. Son portrait était brandi dans les cortèges et il était le symbole de tous les "détenus politiques et d'opinion" en lien avec le Hirak incarcérés depuis juin .

Depuis juin 2019, quelque 180 manifestants, militants ou journalistes ont été placés en détention provisoire, essentiellement pour avoir brandi des drapeaux berbères ou pour des écrits sur les réseaux sociaux. Certains ont été condamnés.

Quelques-uns ont été acquittés, parfois après plusieurs mois de détention préventive. Une trentaine d'autres, condamnés pour "atteinte à l'intégrité du territoire", ont été successivement libérés ces derniers jours après avoir intégralement purgé leur peine de six mois de prison ferme. "Cette mesure constitue un signe positif qui pourrait participer à la mise en place de mesures de confiance et d’apaisement sans lesquelles aucune sortie de crise ne peut être envisagée", veut croire l’opposant et ex-ministre Abdelaziz Rahabi.

Un premier patron libéré

On a, par ailleurs, appris la libération du PDG de Cevital, Issad Rebrab, après huit mois de détention. Celui-ci était poursuivi pour infractions fiscales, bancaires et douanières. Il a été condamné le 31 décembre à 18 mois de prison dont six fermes.

Issad Rebrab,
qui avait déjà passé huit mois en détention provisoire, a été libéré avant l'aube le 1er janvier 2020. Il a également été condamné à une amende de 1,383 milliard de dinars (plus de 10,3 millions d'euros). M. Rebrab, 74 ans, a fondé en 1998 le conglomérat Cevital qui revendique 18 000 salariés sur trois continents, dans l'agroalimentaire, le BTP, la sidérurgie, la distribution, l'électronique ou encore l'électroménager.

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