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Algérie: des filles non voilées interdites d’accès à un lycée

L’interdiction d’accès au lycée de Draria, en banlieue d’Alger, à des élèves non voilées suscite un grand tollé sur les réseaux sociaux algériens. Les parents d’élèves ne décolèrent pas.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Des élèves devant leur lycée à Bab El Oued, en Algérie. (AFP)

L’information est reprise par tous les sites algériens d’information. Dimanche 4 septembre 2016, jour de la rentrée scolaire, un vigile posté à l’entrée du lycée de la Cité des 1600 logements de Sebbala (Draria, banlieue d’Alger) filtrait les entrées. «L’agent qui se trouvait au portail d’entrée a carrément interdit aux jeunes filles ne portant pas le voile d’accéder au lycée ! Si certaines d’entre elles ont dû rebrousser chemin pour aller chercher un foulard à la maison, d’autres qui étaient accompagnées par leurs parents ne se sont pas laissées faire», a révélé le site Dernières infos d’Algérie (DIA).

La polémique a pris une envergure nationale. Les parents d’élèves, très en colère, exigent des sanctions contre les responsables de l’établissement. «Il faut des sanctions contre l’auteur de cet acte pour ne plus jamais retomber dans ce que nous avons enduré il y a quelques années», déclare Meziane Meriane, coordonnateur national du Syndicat national des professeurs du secondaire et du technique (Snapest). Dans les années 90, de nombreuses lycéennes avaient été assassinées par des groupes islamistes armés.

La Toile algérienne s’est emparée de l’affaire. Indignation unanime.


Capture d'écran Facebbok (DR)



En mai 2015, une étudiante en droit, vêtue d'une jupe qui lui arrivait au-dessus du genou, s’était vue interdire l’accès à la salle d’examen par un agent de sécurité. «Les nombreuses voix, qui se sont élevées pour défendre le principe des libertés individuelles pour défendre le burkini, notamment celles des islamo-conservateurs, voleront-elles au secours de ces jeunes filles victimes d’arbitraire?», s’interroge Algérie-Focus. Et de répondre : «Peu probable. S’il est noble de défendre les libertés individuelles, il est cependant malhonnête de les assujettir à ses seules convictions idéologiques.» 

Acte isolé ? «Ce genre de comportement est très grave, mais il reste un acte isolé qui ne peut être dicté par une quelconque hiérarchie», tempère, dans les colonnes d’El Watan, le président du Conseil des lycées d’Algérie.

Une polémique qui tombe mal pour la ministre algérienne de l’Education Nouria Benghabrit qui fait face à des attaques répétées des milieux islamo-conservateurs. Diplômée de l’université Paris V, membre du Conseil économique et social des Nations Unies, sans étiquette politique, elle avait intégré le gouvernement d’Abdelamek Sellal en mai 2014. Elle a été confrontée, dès sa nomination à la tête de l’Education, à une campagne violente des milieux islamistes, mais aussi de la part des conservateurs des partis soutenant le gouvernement.

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