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Afrique : quid de ces fameuses classes moyennes ?

L’émergence d’une classe moyenne sur le continent africain cristallise tous les espoirs d’un décollage économique. Qui sont ces femmes et hommes à qui les pays africains devront (enfin) leur développement ?
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une femme retire des espèces dans un distributeur à Lagos, au Nigeria (12 novembre 2014)




 (Reuters/Akintunde Akinleye)

Mthuli Ncube, l’ancien vice-président de la Banque africaine de développement (BAD), la surnomme «le milieu de la pyramide». La classe moyenne africaine devrait consommer en 2030 pour «2.200 milliards de dollars, soit 3% de la consommation mondiale», selon l’économiste qui enseigne aujourd’hui à l’université d’Oxford et dont les travaux sur cette tranche de la population du continent constituent une référence.

«La classe moyenne africaine est essentielle à la croissance économique et primordiale pour le développement de la démocratie. Elle va être amenée à jouer un rôle clé dans le rééquilibrage de l'économie africaine», estime Mthuli Ncube. Concentrée dans les zones urbaines, les besoins croissants de cette population en termes de consommation de biens et de services sont la «clé» du développement du secteur privé sur le continent. 

Cette classe moyenne africaine, qui intéresse tant les investisseurs, renvoyait à plus de 370 millions de personnes en 2010 (34% de la population). Elle a enregistré une croissance annuelle de 3,1% entre 1980 et 2010 et devrait rassembler 1,1 milliard de personnes d'ici 2060 (42% de la population). Elle existe donc bel et bien mais présente des particularités. Sont considérées comme relevant de cette tranche de la population les individus qui gagnent plus de 3.900 dollars par mois (en parité de pouvoir d’achat) ou dépensent, par jour, entre 2 et 4 dollars et entre 6 et 10 dollars.

Graphique extrait de l'étude de la Banque africaine de de développement (BAD), «The Middle of the Pyramid: Dynamics of the Middle Class  in Africa»  («Le milieu de la pyramide : dynamiques de la classe moyenne en Afrique») publié le  20 avril 2011 («The Middle of the Pyramid: Dynamics of the Middle Class  in Africa» (BAD))


Des revenus compris entre 2 et 20 dollars 
Selon les critères retenus par la BAD et qui constituent désormais la norme, la classe moyenne en Afrique a un pouvoir d'achat qui se situe entre 2 et 20 dollars (en parité de pouvoir d’achat avec pour année de référence 2005) et elle s'organise en trois sous-catégories. Plus de 60% de cette classe moyenne, soit quelque 204 millions de personnes, est constituée par ceux qui gagnent entre 2 (seuil de pauvreté) et 4 dollars. Ces derniers appartiennent à «la catégorie flottante ("Floating class")» parce qu' «ils pourraient basculer dans la pauvreté très facilement en raison d'un décès dans la famille ou d’un autre choc», précise Mthuli Ncube.  

Le cœur de cible des opérateurs économiques est la portion la plus stable de cette classe moyenne qui gagne entre 4 et 10 dollars par jour (la «lower middle» rassemble environ 150 millions de personnes) et bien évidement la tranche supérieure («Upper middle» qui gagne entre 10 et 20 dollars).


Graphiques extraits de l'étude de la Banque africaine de de développement (BAD), «The Middle of the Pyramid: Dynamics of the Middle Class  in Africa»  («Le milieu de la pyramide : dynamiques de la classe moyenne en Afrique») publié le  20 avril 2011 ( «The Middle of the Pyramid: Dynamics of the Middle Class  in Africa» (BAD))


Les classes moyennes les plus importantes sont en Afrique du Nord et en Afrique centrale
Outre leurs ressources financières qui leur permettent d'habiter dans des maisons qui disposent de tout le confort moderne et de posséder des biens d'équipement durables (réfrigérateurs, téléphones et voitures), les classes moyennes sont souvent bien éduquées. Ces salariés, souvent bien rémunérés, ont moins d'enfants que les plus pauvres (ceux qui sont en dessous du seuil de pauvreté). Ils aspirent à plus de démocratie, plébiscitent la bonne gouvernance, défendent la condition féminine, investissent dans leur santé, l'éducation de leur progéniture et dans les technologies (internet). 

L'Afrique du Nord enregistre la plus forte proportion de personnes relevant de la classe moyenne, soit 77%, selon l'étude «The Emerging Middle Class in Africa» (2014). Dans ce top 5, l'Afrique centrale occupe la deuxième place (36%). Elle est suivie par l'Afrique australe (34%), l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique de l'Est.

Ces vingt dernières années, l'émergence d'une classe moyenne en Afrique a participé à la réduction de la pauvreté sur le continent. Favoriser son développement est plus qu'un enjeu économique, il est aussi politique et sociétal. 


 


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