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Afrique du Sud: trois femmes tuées chaque jour par leur conjoint
Le 28 mai 2017, les Sud-Africains, femmes et hommes confondus, ont dénoncé à Pretoria les violences faites aux femmes. Une prise de conscience collective liée à la disparition de l’une d’entre elles, battue à mort par son compagnon, alors qu’elle avait porté plainte pour des violences conjugales.
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Sous le hashtag #MenAreTrash («Les hommes sont des ordures»), repris des milliers de fois sur Twitter, les Sud-Africains ont réagi à la mort de Karabo Mokoena, dont le corps a été retrouvé carbonisé dans une poubelle.
Mi-mai, d’autres découvertes macabres – trois femmes violées et trouvées mortes à Soweto – ont ajouté à l’indignation et provoqué une levée de bouclier sur les réseaux sociaux et dans la rue.
Vezi: Men are NOT trash. Those involved in these acts of violence are a minority. There are more good men out there #MenAreTrash #sabcnews pic.twitter.com/XIurvRNQVr
— Newsbreak (@Newsbreak_Lotus) May 21, 2017
Si on estime que toutes les 8h une femme meurt sous les coups de son partenaire en Afrique du Sud (étude de 2012 du Conseil sud-africain sur la recherche médicale), les statistiques sur la question sont rares.
«Le Conseil sur la recherche médicale indique que 40% des femmes sont brutalisées par leur partenaire au quotidien, et que trois femmes par jour en meurent», précise Lisa Fabian dans l’émission Grand Angle de France Inter.
En France, «en 2014, 134 femmes et 31 hommes ont été tués par leur conjoint ou ex-conjoint», selon Libération.
«Il est temps de mettre fin à la violence domestique et aux abus»
Le 20 mai 2017, le Premier ministre de la province Est du Cap, Phumulo Masualle, s’est ému dans le Herald Live. «Les résultats de l'enquête démographique et de santé en Afrique du Sud sur quelque 13.000 ménages montrent que deux femmes sur dix ont déjà subi une violence physique de leur partenaire. (…) Je me demande ce qu'il faudra avant que nous, en tant que société, intensifions et décidions une fois pour toutes qu'il est temps de mettre fin à la violence domestique et aux abus, qui finissent parfois par la mort.»
Avec le hashtag #GodCreatedWoman («Dieu a créé la femme»), Twitter a recueilli d’autres réactions sur les violences faites aux femmes dans un pays où le sujet reste tabou.
Proud to partner with @myjoshco @GenderLinks to boldly say Stop violence against women #KaraboMokoena #GodCreatedWoman @Dept_of_Women pic.twitter.com/HhIedFpNsv
— Gender Protocol (@GenderProtocol) May 26, 2017
Les recherches effectuées par le Conseil sud-africain sur la recherche médicale montrent que moins de 38% des féminicides entraînent des condamnations. En Afrique du Sud, la peine pour meurtre est la prison à vie.
Mais, comme l'illustre le cas de l'ancien leader de la ligue jeunesse de l'ANC de Johannesburg, Patrick Wisani, ce n’est pas toujours le cas. Ce dernier a toutefois été condamné fin 2016 à 20 ans de prison pour avoir battu à mort sa compagne de 24 ans en septembre 2015.
Toutefois, l’affaire Wisani, tout comme l’affaire Pistorius auparavant, semblent ouvrir la voie à la fin de l’omerta sur la question. Oscar Pistorius, médaillé d’or paralympique, a écopé en juillet 2016 de 6 ans de prison pour le meurtre en 2013 de sa compagne.
Depuis, les manifestations ont mis la pression sur le gouvernement. Le président Jacob Zuma a évoqué un ajustement de la législation pour punir plus sévèrement les personnes reconnues coupables de violences envers les femmes.
Pour autant, l’écrivaine militante Mmatshilo Motsei, estime que la violence et le sexisme sont profondément enracinés dans le passé de l’Afrique du Sud. «Nous avons un président acquitté de viol, (…) mais accusé de corruption. Et face à la campagne #ZumaMustFall (qui demande son départ, NDLR), lutter contre la violence sexiste n'est pas au top de son agenda.»
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