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Afrique du Sud : la mort d'une centaine de malades mentaux fait scandale

Selon un rapport officiel publié mercredi, au moins 94 patients sont morts l'année dernière de déshydratation, diarrhées ou de crises d'épilepsie après avoir été transférés en urgence d'un hôpital psychiatrique de Johannesburg vers des centres de soins.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Capture écran Google Maps de la ville de Johannesburg, en Afrique du Sud, mercredi 1er février 2017. (GOOGLE MAPS)

"Pas de fusils, 94 morts silencieux, et le décompte n'est pas fini". Une enquête officielle a provoqué, mercredi 1er février, un scandale en Afrique du Sud en révélant qu'une centaine de malades mentaux étaient morts en 2016 faute de soins adaptés, dans des établissements sanitaires décrits comme des "camps de concentration".

Selon le rapport Makgoba (en anglais), du nom du médiateur de la Santé, auteur de l'enquête, au moins 94 patients sont décédés entre mars et décembre 2016 de déshydratation, diarrhées ou crises d'épilepsie.

Des patients transférés comme "dans un marché à bestiaux"

Ces décès ont eu lieu juste après que les patients ont été transférés en urgence d'un hôpital psychiatrique de Johannesburg, le centre médical Life Esidimeni, vers vers 27 centres de soins de piètre qualité tenus par des ONG, afin de faire des économies."Une personne est morte des suites d'une maladie mentale. Ce n'est le cas d'aucune des 93 autres victimes", a expliqué devant la presse l'auteur de l'enquête, le professeur Malegapuru Makgoba. "Ce bilan pourrait encore augmenter".

Tout au long des 68 pages de son enquête, le professeur Makgoba décrit en détail les conditions déplorables du transfèrement des malades, traités comme "dans un marché aux bestiaux". L'auteur du rapport dénonce également leurs conditions de séjour dans leurs nouveaux centres de soins, souvent "mal équipés", privés de chauffage et surchargés, où ils n'ont parfois pas reçu assez à manger et à boire.

Huit patients seraient morts dans un centre de soins à Pretoria, rapporte BBC Afrique. Certains se seraient jetés de la fenêtre du cinquième étage d'un immeuble, et d'autres dormaient sur le sol ou auraient été sous-alimentés.

Le père d'un garçon faisant partie des 94 patients a raconté que son fils était tellement affamé qu'il avait mangé la matière plastique dans laquelle était emballé un hamburger qu'il lui avait apporté, décrit BBC Afrique.

Ces établissements ont été "sélectionnés de façon mystérieuse" et se sont avérés incapables "de faire la différence entre les nécessités d'assurer des soins professionnels spécialisés (...) et une simple opportunité financière", indique le rapport. Certains témoins les ont assimilés à des "camps de concentration", a insisté son auteur.

Des raisons économiques

A l'origine de ce scandale, le professeur Makgoba a souligné la décision du département de la Santé de la province du Gauteng, où se trouvent Johannesburg et Pretoria, de mettre un terme au contrat qui le liait à l'hôpital Life Esidimeni, afin de faire des économies.

En conséquence, un millier de patients ont été transférés dans un "environnement de soins non structuré, inadapté et de qualité inférieure aux normes", a-t-il déploré.

La "ministre" provinciale en charge de ce département, Qedani Mahlangu, a présenté sa démission et le Premier ministre de la province, David Makhura, a promis de poursuivre tous les responsables du drame.

L'opposition a dénoncé les "négligences" du gouvernement du Congrès national africain. Quant au plus grand syndicat du pays (Cosatu), il a exigé la mise en place d'un "système de soins public global" sans "sous-traitance" vers le privé.

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