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Afrique du Sud : des centrales nucléaires pour relancer l'activité économique

Le gouvernement n’a pas encore annoncé le nom du pays qui fournira ses nouveaux réacteurs nucléaires. Mais ce sera sans doute d’ici fin 2015. Six à huit nouveaux réacteurs d’une puissance totale de 9.600 MW pour relancer l’économie du pays victime d’un réseau électrique à bout de souffle.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Centrale électrique à charbon de Lethabo en Afrique du Sud (Photo AFP/Richard Du Toit)

Le dossier est en bonne voie, selon la ministre sud-africaine de l’Energie, Tina Joemat-Petterson : «Nous allons démarrer le processus d’achat nucléaire au deuxième trimestre de l’année fiscale en cours», a-t-elle précisé le 19 mai 2015 devant le parlement, assurant que le ou les partenaires stratégiques seront sélectionnés de façon transparente et concurrentielle.
 
Plusieurs fournisseurs potentiels se bousculent déjà au portillon pour arracher ce méga-contrat de 40 milliards d’euros: la France, les Etats-Unis, la Russie, la Chine et la Corée du Sud. L’Afrique du Sud abrite la seule centrale nucléaire d’Afrique, construite dans les années 80 par des entreprises françaises à Koeberg près du Cap. C’est l’un des lieux les plus sécurisés d’Afrique. Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique, «les déchets radioactifs produits depuis vingt-sept ans sont stockés sur le site de la centrale dans de grandes cuves en béton. Comme partout dans le monde, on ne sait qu’en faire.»
 
Mais «pas d’inquiétude», les incidents y sont plutôt rares. Le pays veut donc se doter de six à huit nouveaux réacteurs d’une puissance totale de 9600 MW pour alimenter son réseau au bord de la saturation.

Site de l'unique centrale nucléaire sud africaine de Koeberg le 18 Janvier 2007 (Photo AFP)

Depuis fin novembre 2015, la compagnie publique Eskom organise des délestages tournants, provoquant des coupures de courant à répétition qui ont fini par exaspérer beaucoup d’entreprises et de foyers sud-africains. Le ministre des Finances, Nhlanhla Nene, le reconnaît: «Le manque d’électricité est le principal frein à l’activité économique. Il pèse sur notre croissance et sur notre potentiel de croissance.»
 
L’économie sud-africaine est la plus industrialisée du continent. Elle dépend beaucoup de la filière charbon qui assure près de 90% de la production d’électricité. Comme l’explique le ministre des Finances, «le mauvais entretien des centrales à charbon et du réseau de distribution a conduit à une détérioration d’un parc vieillissant qui manque de fiabilité.»
 
Manifestations contre les coupures d'électricité à Johannesburg, le 14 mai 2015. (Photo AFP)

L’approvisionnement en électricité est devenu un enjeu majeur pour le pays qui consomme 50% de l’électricité produite sur le continent et qui peine à retrouver sa croissance d’avant la crise de 2008. Elle est passée de 5% à 1,5% en 2014.
 
Dans cette course au nucléaire, il semble que deux acteurs se démarquent. En premier lieu, le géant français du nucléaire Areva, qui gère déjà la seule centrale nucléaire du pays. Vient ensuite l’agence russe de l’énergie atomique Rosatom, un concurrent sérieux en raison des rapports privilégiés entre Moscou et Pretoria.
 
Le gouvernement du président sud-africain Jacob Zuma espère que le développement du nucléaire lui permettra de répondre à ses besoins énergétiques. Reste à rassurer les Sud-Africains qui s’inquiètent du coût faramineux de ce projet qui devrait s’achever en 2030.

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