"On est tous tristes mais on est en sécurité" : rencontre avec des réfugiés afghans en Loire-Atlantique
Les premiers Afghans accueillis en France commencent à sortir de leur quarantaine sanitaire. C’est le cas des 88 réfugiés hébergés en Loire-Atlantique, dans une colonie de vacances de Piriac-sur-mer, un petit village de 2 500 habitants situé à une trentaine de kilomètres de Saint-Nazaire.
Mahnaz, 15 ans, écoute un air de son pays sur le chemin de la plage. Après dix jours de quarantaine sanitaire, c’est sa première sortie. Elle fait partie d’un groupe de 88 Afghans réfugiés à Piriac-sur-Mer en Loire-Atlantique. Mais Mahnaz n’a pas encore tout à fait la tête à la baignade. "Je suis triste parce que mes grands-parents sont toujours là-bas, en Afghanistan", confie-t-elle.
Ils ont tous un peu ce sentiment ambivalent. "On est tous tristes parce qu’on abandonne nos études, nos proches, explique Marwa Safa, étudiante en économie. Mais le plus important, c’est que l’on est maintenant en sécurité", ajoute la jeune femme qui maîtrise déjà cinq langues. Ahsanullah, lui, s’est assis sur les rochers, et regarde avec tendresse son fils de 10 ans.
"C’est la première fois que mon fils voit la mer, et voilà qu’il se baigne ! C’est vraiment beau."
Ahsanullah, père de famille réfugié afghanà franceinfo
Tous sont accueillis pour un mois au moins dans ce logement de la Fédération des œuvres laïques, réservé l’été aux colonies de vacances. Les voisins s’y font très bien, comme Sixtine qui est même venue prêter main forte en faisant le ménage et les repas. "On voit qu’il y en a qui ont besoin de s’isoler, de temps en temps, il y en a qui craquent (...) Évidemment, on voudrait faire une accolade parce qu’on se dit que ça pourrait réconforter. Mais ce n’est pas du tout les codes ici donc on ne peut pas, explique-t-elle. Même les gamins qui sont trop mignons, on a envie de leur faire des bisous mais on se retient", poursuit Sixtine.
"Quand le régime des talibans tombera, je rentrerai"
Ils essaient, le temps d’une baignade, d’oublier le retour des talibans. Fanoos qui a 25 ans, incarne tout ce que les fondamentalistes détestent. Elle joue au foot, qui plus est, dans l’équipe nationale. "Depuis les talibans, tout est banni, pas seulement le foot, le cricket aussi ; tous les sports sont interdits aux femmes", raconte-t-elle. Fanoos est non seulement footballeuse mais aussi ingénieure en génie civil. Son premier objectif est d’apprendre le français le plus vite possible. Mais elle espère aussi rentrer un jour dans son pays, pour le reconstruire : "Quand le régime des talibans tombera, je rentrerai, se promet-elle. Je veux travailler pour les Afghans. C’est important car nous, la jeune génération, nous les femmes, nous y mettrons tout notre cœur."
Plus de 2 600 Afghans ont été accueillis sur le sol français. Certains ont déjà trouvé asile dans des villes comme Lille ou Strasbourg.
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