"C'est déchirant de voir la culture sur le point de mourir" : en Afghanistan, les musiciens condamnés au silence
Les talibans répriment déjà violemment toute activité ayant rapport à la musique. Les stations de radio et de télévision ont cessé d’en diffuser, des magasins vendant des instruments ont été détruits, et les musiciens sont forcés de se taire.
Zarifa Adiba a 23 ans, et jouait de l'alto au sein de Zohra, le premier orchestre féminin d'Afghanistan qui compte 35 jeunes femmes et adolescentes. Aujourd'hui, elle étudie au Kirghizistan mais sa famille et ses anciennes amies musiciennes sont toujours à Kaboul. "Je ne peux pas vous dire à quel point nos instruments comptent pour nous, raconte la musicienne. Nous y tenons tellement, on ne peut pas les casser nous-mêmes ! Mais en même temps, mes amis sont terrifiés de garder leurs instruments, parce qu'ils ont peur que les talibans viennent chez eux et les découvrent, et après, qu'est-ce qui se passera ? Nous ne savons pas."
En 2015, après l'obtention d'une bourse, Elham Fanous devient le premier musicien afghan à étudier dans une université américaine. Depuis New York où il vit désormais de son art, le piano, Elham est lui aussi très préoccupé pour la sécurité de tous ses anciens camarades de l'Institut national afghan de musique. "L'école est fermée, personne ne peut y aller, car s'ils y vont, ils pourraient être tués, donc je suis vraiment très inquiet pour eux, confie-t-il. Leurs instruments disparaissent ou sont brûlés."
"Les talibans sont venus à notre école et ils ont détruit un piano. Ça ressemble déjà à un désastre !"
Elham Fanous, musicien afghanà franceinfo
Pour Elham, une telle situation rappelle les années de pouvoir des talibans. "Tout s'est passé en à peine quelques semaines, explique-t-il. Tout le travail qui a été fait dans le pays depuis 2001 est partie en fumée, nous avions réussi à changer la perception que les gens avaient des Afghans ! C'est vraiment déchirant et décevant de voir la culture sur le point de mourir. On dirait, surtout depuis quelques jours, qu'on retourne 20 ans en arrière."
La musique, mais aussi le cinéma, la poésie, tout le patrimoine culturel afghan est aujourd'hui menacé.
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