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Afghanistan : une guerre interminable, pour quels résultats ?

Trois semaines après le 11 septembre, le 7 octobre 2001, la France entre en guerre avec l’Afghanistan aux côtés des Etats-Unis dans le cadre de l'opération Enduring Freedom (Liberté immuable). Les premiers bombardements ont lieu sur Kaboul. Les objectifs militaires de l'opération menée par George Bush prévoyaient de renverser le régime des talibans. Dix ans après, la guerre continue. Le pays est toujours instable et le terrorisme n’a toujours pas disparu.
Article rédigé par franceinfo
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la france en guerre en afghanistan

Pour les experts, l’intervention en Afghanistan a été marquée par une absence de stratégie militaire claire. Pour certains, c’est le cas des Américains, il fallait détruire Al Qaïda. Pour d’autres, comme les Français, l’objectif était d’apporter de la stabilité dans le pays. Permettre le rétablissement de la démocratie.
Pendant toutes ces années, Américains et Européens n’ont pas cessé de se diviser. Des désaccords qui ont débouché sur des erreurs et ont contribué au prolongement du conflit.
_ Certes, Ben Laden a été tué le 2 mai dernier au Pakistan, mais les talibans sévissent toujours.
Les attentats et assassinats perpétrés par les talibans se poursuivent.
Les talibans ont pu notamment établir leurs sanctuaires en toute impunité. Ils se sont préparés au combat dans des zones où ils étaient hors d’atteinte.

Dix ans après, le président Hamid Karzaï est toujours là. La corruption continue à gangréner le régime. La guerre s’enlise.
Les drones, qui en plus du renseignement, réalisent des frappes.
Des civils sont tués. Ce sont de loin les premières victimes du conflit, avec près de 2.800 morts pour la seule année 2010 selon l'ONU.
La coalition internationale, forte de 140.000 hommes en septembre 2011, a perdu plus de 2.750 soldats depuis 2001 dont 711 en 2010, année la plus meurtrière pour les soldats étrangers.
_ La guerre en Afghanistan a aussi vu l’apparition des SMP, sociétés militaires privées. Elles ont perdu près de 900 hommes au total.

Les violations des droits humains se multiplient

Dans la vie quotidienne, dix ans après l'arrivée des Occidentaux dans le pays, “les droits des femmes ont progressé dans des domaines tels que la participation à la vie politique, la vie courante et l'éducation, mais ces avancées obtenues dans la douleur restent fragiles”, souligne l’association de solidarité internationale Oxfam dans un nouveau rapport sur le sujet.
Entre 1996 et 2001, les talibans interdisaient la scolarisation des filles. Ils imposaient la burqa aux femmes hors de leur domicile.
Aujourd’hui, 2,7 millions d'Afghanes sont scolarisées, dont 42% des filles en âge d'aller à l'école primaire.
Mais, le niveau des violences contre les femmes reste préoccupant.

Même constat pour Crisis Action.

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L’organisation internationale qui aide à prévenir les conflits, constate que “10 ans d’engagement n’ont pas conduit aux résultats que souhaitent voir les Afghans ainsi que les organisations d’aide internationale et de défense des droits de l’Homme.”
Dans un nouveau rapport d’ONG, Crisis Action montre que “la sécurité se détériore et que les violations des droits humains se multiplient”.

Pour le CICR, l’Afghanistan reste en proie à la violence.
“L’augmentation des prix, la situation précaire des travailleurs journaliers, l’accès difficile aux soins de santé et une insécurité inquiétante nuisent aux conditions de vie des gens ordinaires, en particulier dans les zones rurales”.
Le Comité international de la Croix rouge note dans son rapport que les déplacements de population liés au conflit sont en hausse de 40% par rapport à l'an dernier dans certaines régions du nord du pays.

Barack Obama n’a pas réussi à mettre un terme à cette guerre.
La base aérienne géante de Bagram, enfouie dans une vallée au nord-est de l’Afghanistan est au cœur d'un vif débat sur la future présence américaine dans ce pays après le retrait des forces de combat de l'Otan prévu fin 2014.
_ Pays le plus impliqué après les Etats-Unis, le Royaume-Uni va commencer à rapatrier 500 soldats d'ici à la fin 2012. La France prévoit d'en retirer un millier, sur 4.000, à la même échéance, tandis que l'Espagne, l'Italie, la Pologne et la Belgique allègent aussi leur dispositif. 

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