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Afghanistan : safran contre pavot au grand dam des talibans

Le safran s’est imposé dans les champs afghans. Sa production est devenue rentable en raison de la demande mondiale. Avec son prix élévé et sa couleur unique, le safran offre une alternative à la culture du pavot à opium, une des principales sources de revenus des talibans, et dont l'Afghanistan est le premier producteur mondial.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des Afghanes cueillant des fleurs de safran dans le district Ghoriyan de Herat, le 18 Novembre 2014. (AFP PHOTO / Aref KARIMI)
«Or rouge». La culture du safran en Afghanistan a commencé il y a une dizaine d'années dans une petite ferme dans la région de Hérat, frontalière de l’Iran. Dans cette province occidentale, environ 6.000 personnes, dont les deux tiers de femmes, travaillent aujourd'hui dans les champs de crocus récoltant la fleur violette avant d’en recueillir le précieux pistil. La production d’un kg de safran nécessite en moyenne 150 000 fleurs et 400 heures de travail. L'Iran voisin domine le marché avec 90% de la production (plus de 200 tonnes par an, selon des chiffres 2011).
 
Très prisée en cuisine, dans la parfumerie comme colorant, voire dans la médecine traditionnelle, l’épice la plus onéreuse au monde est exportée en Inde, en Europe, aux Etats-Unis et en Chine. Ce qui en fait une culture alternative rentable pour tenter de remplacer dans les champs le pavot à opium – à la base de l'opium et de l'héroïne – une des principales sources de revenus des talibans, et dont l'Afghanistan est le premier producteur mondial.
 
L’augmentation de la production est également liée aux aides financières du ministère de l’Agriculture et aux aides internationales. Avec l’aide de l’armée italienne dans la région, en 2011, les agriculteurs avaient bénéficié de la distribution 60.000 de tonnes de bulbes de safran. Deux mille hectares de terre ont ainsi été plantés tandis que les champs de pavot sont passés de 2 000 à moins de 500 hectares en cinq ans. Le safran assurait aux Afghans d’Hérat un revenu de 9 000 dollars par an et par hectare, soit le triple de ce que peut rapporter le pavot (chiffres 2010).
 
Mais des efforts restent à faire pour remplacer l'opium par le safran dans les champs afghans, les coûts de production restant élevés: un hiver trop rude peut anéantir à lui seul une récolte.
 
Avec le retrait fin 2014 de l'essentiel des forces de l'Otan et la lourde perte financière qui devrait en découler, la surface cultivée de pavot à opium en Afghanistan a atteint un record en 2014, selon l'ONU. Signe de l'échec de la  politique antidrogue de Washington dans ce pays.

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