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Afghanistan : des talibans tirent en l'air à Kaboul pour disperser une manifestation de femmes

Une quarantaine d'habitantes ont voulu réclamer le droit au travail et à l'éducation, mais les combattants islamistes au pouvoir ont immédiatement mis fin au rassemblement. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des combattants talibans sur une route de Kaboul (Afghanistan), le 18 juin 2022. (AHMAD SAHEL ARMAN / AFP)

Le 15 août 2021, les talibans revenaient au pouvoir en Afghanistan, à l'issue d'une offensive-éclair déclenchée après le retrait des forces américaines. A l'approche du premier anniversaire de cet événement, une quarantaine de femmes ont tenté de manifester à Kaboul (Afghanistan) pour réclamer le droit au travail et à l'éducation, samedi 13 août. Elles n'en ont guère eu le temps. Cinq minutes après le début de la marche, un groupe de combattants talibans les a dispersées en tirant en l'air par rafales.

Réunies derrière le slogan "Pain, travail et liberté", les manifestantes s'étaient donné rendez-vous devant le ministère de l'Education. Elles portaient notamment une banderole sur laquelle on pouvait lire : "le 15 août est un jour noir", en référence à la date de la prise de Kaboul en 2021 par les talibans. "Justice, justice. Nous en avons marre de l'ignorance !" ont-elles également scandé, pendant quelques minutes à peine. Car le rassemblement a donné lieu à une réaction violente et immédiate des talibans.

Les manifestantes pourchassées et battues

Des hommes en tenue militaire et armés de fusils d'assaut ont notamment bloqué un carrefour devant les manifestantes et commencé à tirer en l'air pendant de longues secondes. L'un d'eux a simulé un tir en visant les manifestantes, a constaté un journaliste de l'AFP. Certaines manifestantes se sont ensuite réfugiées dans des magasins proches où elles ont été pourchassées puis battues à coups de crosse de fusil par des combattants islamistes. Des journalistes ont également été frappés.

"Malheureusement, les talibans qui faisaient partie des services de renseignement sont venus et ont tiré en l'air", a déclaré Zholia Parsi, l'une des organisatrices de la manifestation. "Ils ont dispersé les filles, déchiré nos banderoles et confisqué des téléphones portables." Les manifestations de femmes pour réclamer plus de droits ont été de plus en plus rares dans la capitale, surtout après l'arrestation en début d'année d'organisatrices de ces rassemblements – certaines ont été gardées plusieurs semaines en détention.

Les talibans, en dépit de leur promesse initiale d'un régime plus souple que lors de leur passage au pouvoir entre 1996 et 2001, imposent aux femmes des restrictions drastiques. Le 23 mars, ils ont fait refermer aux filles les lycées et collèges, quelques heures à peine après leur réouverture pourtant annoncée de longue date. Début mai, le chef suprême des talibans a ordonné aux femmes de porter un voile intégral en public, de préférence la burqa. Les femmes sont également exclues de nombreux emplois publics et interdites de voyager seules en dehors de leur ville.

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