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Menace d'éruption volcanique : "On reste assez flegmatique, on continue d'aller au travail, les enfants vont à l'école", raconte un Français installé en Islande

Après l'évacuation de Grindavik en Islande, les habitants de cette ville ont pu revenir quelques minutes chez eux lundi pour récupérer leurs biens. Elle est sous la menace d'une éruption volcanique. Si cela arrive, "ce sera la quatrième en trois ans dans la même zone donc on a, plus ou moins, appris à vivre avec", raconte Grégory Cattaneo.
Article rédigé par franceinfo
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Une éruption volcanique près de la montagne Fagradalsfjall, sur la péninsule de Reykjanes, au sud-ouest de Reykjavik le 14 août 2022 (photo illustration). (FINN HUWALD / DPA)

Des routes défoncées, des crevasses fumantes en pleine ville... Des scènes dignes de films catastrophes ont lieu depuis début novembre en Islande. Du magma se déplace sous la croûte terrestre et provoque des centaines de séismes. Cette intense activité sismique pourrait préfigurer d'une éruption volcanique particulièrement impressionnante dans la zone de Grindavik, sur la côte sud-ouest de l'île. Cette ville de 4 000 habitants, à quelques dizaines de kilomètres de la capitale Reykjavik, a été évacuée samedi 11 novembre. 

Selon des experts, Grindavik pourrait être gravement endommagée par cette éruption si elle se produit. Certains habitants ont pu revenir quelques minutes chez eux pour récupérer des affaires de première nécessité lundi 13 novembre. En Islande, tout le monde ne parle que de cela, comme l'explique un Français sur place. Grégory Cattaneo est écrivain, docteur en histoire et philologie de la Scandinavie ancienne et médiévale et il vit à Hafnarfjörður, à quelques kilomètres seulement de cette ville évacuée. 

franceinfo : Quelle est la situation où vous vous trouvez ? 

Grégory Cattaneo : On est vraiment à côté de la zone d'action des séismes. C'est beaucoup moins fort qu'à Grindavik. L'avantage qu'on a, si on peut parler d'avantage, c'est qu'on n'a pas eu à être évacués. En revanche, pour les habitants de Grindavik, c'est terrible.

"Pour la première fois de leur histoire, ils ont dû déserter leur ville"

Grégory Cattaneo, un Français vivant à Hafnarfjörður en Islande

à franceinfo

La plupart des habitants ont été relogés un peu partout autour de la capitale, Reykjavik. La plupart des résidences secondaires des Islandais ont été réquisitionnées et on compte seulement une petite centaine d'habitants qui doivent dormir dans des gymnases, sur des lits de camp mis à leur disposition au dernier moment. 

Est-ce qu'il y a de l'inquiétude ou le flegme islandais est toujours présent ? 

En effet, c'est l'actualité du moment. On a eu une belle actualité il y a dix jours qui disait que l'Islande était le pays le plus en sécurité du monde. Mais du point de vue de l'activité volcanique, c'est autre chose... On ressent bien les secousses, mais pas autant que tout près de l'épicentre. L'inquiétude vient plutôt des médias étrangers. On reste assez flegmatique. On a beaucoup de compassion pour les habitants de Grindavik mais on continue d'aller au travail, les enfants vont à l'école... Tout suit son cours. On vit cela normalement. S'il y a une éruption, ce sera la quatrième en trois ans dans la même zone donc on a, plus ou moins, appris à vivre avec. 

La ville de Grindavik est déjà fortement endommagée et les conséquences sont importantes, notamment sur la géothermie pour les habitants de l'île. Le Blue Lagoon, qui est un site touristique extrêmement important, est, lui, fermé. Est-ce qu'on sait où cette éruption pourrait avoir lieu ? 

Il y a deux thèses. Depuis trois ans, ça s'est formé un peu plus à l'est du Blue Lagoon et de Grindavik, dans une petite montagne. Aujourd'hui, on pense que le magma coule sous la ville de Grindavik, et plus précisément sur la partie orientale de la ville, donc entre le terrain de golf et la ville. La théorie depuis le week-end dernier, c'est que le volcan pourrait aller jusqu'à l'océan, donc au sud de la péninsule de Reykjanes. Et aujourd'hui, on pense que ça devrait entrer en éruption sur la terre donc probablement en bordure de Grindavik. 

Est-ce que les autorités préviennent des risques éventuels que courent ceux qui sont dans cette zone ? Et est-ce qu'on peut avoir une idée des dégâts qui pourraient avoir lieu si l'éruption se produit ? 

C'est vraiment la grande question : cette éruption va-t-elle avoir lieu ? On pensait que le volcan allait entrer en éruption de façon sous-marine. Aujourd'hui, on est presque sûr que ce sera en surface, et si ça doit se passer, ce sera à côté du club de golf de Grindavik. C'est pareil pour la lave, on ne sait pas de quel côté elle coulera. Tout cela, ce sont vraiment des suppositions.

Probablement que la ville de Grindavik ne reviendra jamais à l'état actuel. Ce sera vraiment un grand changement.

Grégory Cattaneo

à franceinfo

La municipalité a établi ses quartiers généraux dans la municipalité de Reykjavik. Le maire, qui a fait une allocution aux infos nationales, reste assez optimiste, mais il sait bien qu'il faudra énormément de courage et de ténacité aux habitants pour se réinstaller dans cette zone. C'est quand même cette zone-là qui a subi, depuis 2020, tous les séismes liés aux trois éruptions volcaniques.

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