Cet article date de plus d'un an.

Sécheresse : "Il va falloir penser à consommer moins d'eau", alerte un professeur d’hydrogéologie

Invité de franceinfo, le professeur d'hydrogéologie Alain Dupuy, alerte sur une situation de "quasi sécheresse généralisée" en France. Il s'agit selon lui d'une situation inédite qui appelle à consommer moins d'eau.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Sécheresse cours d'eau manque d'eau rivières Bretagne Ille-et-Vilaine, Le Meu, le 25 juillet 2022. (LUCIE AMADIEU/RADIOFRANCE)

"On est dans une situation de quasi sécheresse généralisée avec des niveaux de réserves, de nappes, qui sont très bas", alerte vendredi 14 avril sur franceinfo Alain Dupuy, professeur d’hydrogéologie à l’Institut national polytechnique de Bordeaux et directeur de l’école d’ingénierie ENSEGID. Alors que le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) s'est inquiété, jeudi 13 avril, d'un "risque avéré" de sécheresse cet été pour plusieurs régions en France, le professeur rappelle qu'il y a déjà "des secteurs beaucoup plus gravement touchés", comme "le nord-est de la France, le bassin parisien et l'extrême sud-est" du pays, du Roussillon jusqu'à la Côte d'Azur. Pour Alain Dupuy, "on est sur une situation critique" qui doit nous conduire "à consommer moins d'eau" dans les mois à venir.

franceinfo : Sommes-nous dans une situation inédite ?

Alain Dupuy : Oui, totalement. On est dans une situation de quasi sécheresse généralisée avec des niveaux de réserves, de nappes, qui sont très bas. La normale c'est 100% de remplissage. Là, on est à 85% en dessous du niveau de remplissage. Cela vous donne l'ampleur du manque dans nos stocks. Il y a des disparités avec des secteurs beaucoup plus gravement touchés. Le nord-est de la France, le bassin parisien et l'extrême Sud-Est, l'Arc méditerranéen, le Roussillon jusqu'à la Côte d'Azur.

Il n'a pas plu assez en mars ?

Les pluies du mois de mars sont bienvenues. Elles ont permis de remplir les horizons superficiels du sol. Cela va donner à la végétation suffisamment d'eau pour démarrer correctement. Les activités agricoles vont également pouvoir en bénéficier. Toutefois, on est sur un tel déficit que cette eau-là ne va pas aller remplir les nappes.

>> Face au niveau très inquiétant des nappes phréatiques, le risque de sécheresse augmente encore pour cet été

Un mois d'avril pluvieux pourrait faire remonter les niveaux des nappes ?

Si le mois d'avril devient vraiment pluvieux, il y aura un gain, mais la sécheresse annoncée montre qu'on est sur une situation critique. Il y aura une possible amélioration, mais rien qui ne permette de passer un été serein. D'autant que le printemps arrive, les plantes commencent à pousser et on considère qu'une fois que la végétation a démarré, la quasi-totalité des eaux qui arrivent au sol sont soit reprises par la végétation, soit elles ruissellent et n'arrivent plus aux nappes. Il n'y a plus de phénomène de recharge comme en hiver.

Face à la sécheresse, l'eau du robinet interdite à la consommation dans quatre communes des Pyrénées-Orientales. Quelles mesures peut-on prendre ?

Pour certains endroits, du côté de Marseille, dans la plaine du Roussillon, il n'y a pas d'autres ressources. C'est bien là le problème. En l'absence de stock il n'y a rien d'autre à faire que d'avoir un comportement hydro-économe. Il va falloir penser à consommer moins d'eau, parce que le climat va devenir de plus en plus sec, notamment dans la partie sud de la France.

Consultez lamétéo
avec
voir les prévisions

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.