Manifestation anti-bassines : la "militarisation du maintien de l'ordre conduit à une escalade" de la violence, constate un sociologue présent à Sainte-Soline
"Il y a une militarisation du maintien de l'ordre qui conduit à une escalade" de la violence des individus radicaux, constate lundi 27 mars sur franceinfo Michel Kokoreff, sociologue qui était présent samedi en tant qu'observateur à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) lors de la manifestation anti-bassines. Ce professeur à l'université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis dénonce une "escalade réciproque" entre les forces de l'ordre et les militants radicaux. Il estime toutefois que "les forces de l'ordre sont suréquipées" et que "le combat est assez asymétrique, puisqu'elles finissent toujours par gagner". Michel Kokoreff assure que "la violence s'est accentuée depuis dix ans du côté des forces de l'ordre", tandis que "du côté des manifestants, de l'ultra gauche, des black blocs, il y a une certaine constance".
Michel Kokoreff tient par ailleurs à préciser que lors de la manifestation de samedi à Sainte-Soline (Deux-Sèvres", s'il "y a bien eu des centaines de black blocs ou blue blocs à l'offensive, autour d'eux, il y avait plusieurs milliers de gens non violents". Le sociologue spécialiste des nouvelles contestations apporte ensuite quelques précisions sur le mouvement des radicaux, que l'on qualifie de black blocs, ou blue blocs en raison de la couleur des vêtements qu'ils portent au sein des cortèges. Michel Kokoreff rejette l'utilisation du terme d'ultragauche pour les qualifier. Ce "n'est pas un parti", l'ultragauche ne se définit pas non "par une identité idéologique ou sociologique", explique-t-il. Michel Kokoreff balaie également la notion de mouvement nébuleux, et préfère parler de "constellation de petits groupes affinitaires". Il constate que ces groupes ont un même "état d'esprit antiautoritaire, libertaire, anticapitaliste, féministe et écologiste".
Michel Kokoreff n'observe pas de "profil type" de black bloc. Il assure qu'il y a dans ce mouvement "beaucoup de jeunes", entre "16 et 25 ans", qui peuvent être "des lycéens, des étudiants ou [des personnes] en situation précaire". Le sociologue remarque toutefois "dans le cortège de tête et dans les actions offensives des gens de petite classe moyenne". Il apporte quelques nuances, en affirmant avoir vu à Sainte-Soline "des gens plus âgés, plus aguerris, plutôt des 20-25 ans". Il a aussi constaté la présence de "beaucoup de vieux ou d'âges intermédiaires". "Il y [avait] des gens issus de classe moyenne urbaine, mais on a senti ce week-end que ça venait de toute la France", ajoute-t-il.
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