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La pollution de l'air, 3e cause de mortalité : "Même ceux qui ne font pas partie des populations à risque sont exposés"

Selon une nouvelle étude, la pollution de l'air due aux particules fines est responsable de 48 000 morts par an en France. Le pneumologue Bruno Housset, président de la Fondation du souffle, analyse ces résultats.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un panneau d'information invite à ralentir sur le périphérique parisien, en raison d'un pic de pollution, le 18 mars 2016. (CAROLINE PAUX / CITIZENSIDE / AFP)

Dans l'Hexagone, la pollution de l'air due aux particules fines serait presque aussi meurtrière que l'alcool. Chaque année, selon une nouvelle étude de Santé publique France, diffusée mardi 21 juin, elle est responsable de 48 000 morts en France, dont plus de 34 000 seraient évitables. 

Pour décrypter ces résultats, francetv info a interrogé le professeur Bruno Housset, chef du service pneumologie du Centre hospitalier intercommunal de Créteil (Val-de-Marne), président de la Fondation du souffle.

Francetv info : Les résultats de cette nouvelle étude sont-ils surprenants ?

Bruno Housset : On savait que la pollution était à l'origine d'une surmortalité, mais pas de cette ampleur-là. Il y avait déjà eu d'autres études, notamment une sur les grandes villes européennes, qui montrait que si on respectait les valeurs de l'OMS, on améliorait l'espérance de vie de 6 mois. Là, c'est 9 à 15 mois d'espérance de vie en moins à cause de la pollution. C'est un signal d'alerte fort.

Concrètement, quelles sont les conséquences de la pollution sur notre santé ?

Cela fait des années qu'on sait que les pics de pollution sont à l'origine d'une augmentation des recours aux soins, des venues aux urgences... Là, cette étude montre que c'est plus la pollution de fond qui a un impact sur la santé. Il peut y avoir des risques de cancer, de maladies respiratoires comme la BPCO (Bronchopneumopathie chronique obstructive), une obstruction chronique des voies aériennes, ou l'asthme. On sait aussi que les particules fines peuvent être véhicules d'allergène, c'est pour cela qu'on observe une augmentation des allergies à proximité des axes routiers, par exemple.

Même les personnes qui ne font pas partie des populations à risque sont exposées, avec le risque d'une inflammation bronchique chronique par exemple. Au contraire du tabac ou de l'alcool, ce n'est pas une addiction : c'est imposé à tout le monde.

Comment peut-on se protéger ?

Il faut agir, sur les moyens des transports en commun, sur l'utilisation de véhicules diesel, mais tout cela nous échappe un peu en tant que citoyens. Il y a des populations plus sensibles que d'autres, qu'il faut essayer de protéger : les enfants, les nouveau-nés, les personnes âgées, les gens qui souffrent d'une maladie respiratoire ou cardiaque chronique. Pour ces derniers, il faut s'assurer qu'ils suivent leurs traitements, notamment en cas de pollution intense. Pour les seniors ou les jeunes, il faut éviter de les exposer et pour cela connaître les lieux qui sont les plus pollués : de façon générale à proximité des voies de circulation. Il commence à y avoir des applications sur smartphone pour obtenir ce type d'informations.

D'autres pistes pourraient améliorer les choses, comme les purificateurs d'air : ce sont des filtres qui peuvent diminuer les particules dans une maison. Pour l'instant, il n'y a pas vraiment d'argument scientifique pour défendre cela. Même chose pour les masques. Pour lutter efficacement contre la pollution, il faut surtout aller à la source.

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