Tonnes de sel, déneigeuses et température de la route... Les moyens déployés par la France sont-ils suffisants face aux conditions météo de l'hiver ?

Article rédigé par Audrey Abraham
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Une déneigeuse à Saint-Gervais (Haute-Savoie), le 19 septembre 2018. (PASCAL DELOCHE / PHOTONONSTOP / AFP)
Les épisodes de neige et de verglas entraînent régulièrement des difficultés de circulation sur le réseau routier en France. Les services de l'État sont mobilisés mais le dispositif n'est pas infaillible.

Des automobilistes bloqués une partie de la nuit dernière en région parisienne, la circulation des poids lourds et des transports scolaires interrompue "jusqu'à nouvel ordre" dans certains départements : la neige et le verglas de ce début de semaine ont entraîné des difficultés de circulation. Au point de déclencher l'hilarité des internautes sur les réseaux sociaux et la colère des usagers de la route. L'occasion de faire le point sur les moyens dont la France dispose. 

Pour anticiper ces complications et fluidifier la circulation, un dispositif est coordonné à l'échelle nationale. Il s'agit du plan d'intervention de viabilisation hivernale (PIVH). Chaque année, le dispositif est déclenché de la mi-novembre à la mi-mars. Cet hiver, la période concernée court du 13 novembre 2023 au 17 mars 2024. Pour les territoires montagneux, le dispositif peut être étendu dès octobre et se terminer au mois de mai. 

Onze directions interdépartementales des routes

Ce sont les directions interdépartementales des routes (DIR) et les sociétés concessionnaires d'autoroutes qui ont la responsabilité du dispositif sur chaque réseau sur lequel elles sont compétentes. Le territoire français est découpé en onze directions interdépartementales des routes : Atlantique, Est, Massif central, Méditerranée, Nord, Nord-Ouest, Ouest, Sud-Ouest, Île-de-France, Centre-Est, Centre-Ouest.

Le ministère de la Cohésion des territoires précise, sur son site internet, que 7 500 agents sont mobilisables 24h sur 24 dans le cadre du dispositif. La flotte comprend plus de 2 000 camions équipés de lames et de saleuses ou d'engins spéciaux. Entre 200 000 et 400 000 tonnes de sel sont épandues chaque année, selon la rigueur de l'hiver.

Ces moyens opérationnels sont répartis dans des centres d'entretien et d'intervention le long du réseau routier et autoroutier. La DIR d'Île-de-France en compte une vingtaine, 22 pour la DIR Centre-Est, 18 pour la DIR Nord-Est, 16 pour la DIR Atlantique.

Surveiller la situation météo avant d'intervenir

Dans chaque centre, le responsable d’intervention est chargé d'opérer une veille de la situation, d'après les prévisions météo à sa disposition. Des patrouilleurs sont également déployés sur le terrain pour vérifier l'état de la chaussée. À l’aide d'instruments appropriés, ils relèvent les températures de l'air, de la chaussée ou encore l'hydrométrie. 

C'est à eux que revient la responsabilité de déclencher localement la mise en œuvre des moyens de salage et de déneigement adaptés à la situation. En complément, plusieurs niveaux de coordination sont prévus à l’échelle locale et régionale, et sont activés en fonction de la dégradation des conditions météorologiques, en lien avec les autorités préfectorales.

En fonction de l'état de la chaussée et des températures, différents produits sont utilisés. Le sel, qui permet de faire fondre la glace en abaissant le point de congélation, est efficace entre -5°C et -7°C. La saumure est, elle, une eau saturée en sel, fabriquée dans les centres d'entretien et stockée dans des cuves adaptées. Elle permet d'éviter une dispersion du sel sur la chaussée et agit efficacement entre -3°C et -4°C. La bouillie est un mélange de sel et de saumure, qui est efficace entre -10°C et -12°C.

Les difficultés d'anticiper la neige et le verglas 

La neige et le verglas sont des phénomènes locaux et difficiles à anticiper tant en intensité qu'en durée assurent les services de l'État. Un traitement préventif du verglas est possible en épandant du sel sur la chaussée pour éviter sa formation. Impossible en revanche de traiter préventivement les phénomènes neigeux. L'intervention ne peut se faire qu'a posteriori, de façon curative, pour rétablir les conditions de circulation.

Une fois la neige tombée, elle est donc raclée et évacuée avec des lames de déneigement installées sur les camions. Le plus souvent, un salage complémentaire permet de traiter la neige résiduelle. Lorsque le verglas s'est déjà formé, un traitement curatif est aussi possible grâce à la bouillie de sel, qui permet de traiter une épaisseur de 2 à 3 mm. 

Des voies à dégager en priorité

Les interventions de salage et de déneigement peuvent porter sur des parties plus ou moins étendues de la chaussée. Certaines zones définies en amont sont prioritaires.

C'est le cas des 2x2 voies et des échangeurs principaux sur lesquels au moins une voie est traitée dans chaque sens, en priorité la voie de droite. Sur les 2x3 voies, au moins deux voies sont traitées dans chaque sens. Le PIVH recense également tous les points stratégiques à traiter en priorité en cas de neige ou de verglas tels que les passages piétons, les ponts ou encore les arrêts de bus.

Des limites au dispositif

Certains facteurs météorologiques limitent les actions des DIR. Il arrive que les températures soient trop basses et rendent l'action du sel inefficace. Lorsque la neige chute en continu, il n'est ainsi pas possible d'intervenir. Même chose en cas de phénomènes exceptionnels incontrôlables, telles que les pluies verglaçantes ou en cas de formation de congères (des amas de neige entassée par le vent).

Des facteurs humains peuvent aussi limiter les interventions. C'est le cas lorsque les embouteillages empêchent l'intervention des services de viabilité hivernale, lorsque les véhicules des particuliers sont mal équipés ou que les restrictions de circulation ne sont pas respectées.

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