Inondations : les dégâts de Quimperlé auraient-ils pu être évités ?
Alors que la ville du Finistère a été inondée pour la deuxième fois en dix jours, la polémique enfle. En cause : le système d'alerte, mais aussi le manque de travaux pour protéger la commune des inondations.
Vendredi 3 janvier, Quimperlé s'est de nouveau réveillée les pieds dans l'eau. Cette commune du Finistère est la plus touchée par les inondations en Bretagne, après de fortes pluies conjuguées à de fortes marées. A la mi-journée, la Laïta, petit fleuve côtier qui traverse Quimperlé, est passée en vigilance orange "crues", après une alerte rouge.
Jeudi, la Laïta a dépassé les 4,50 m. Vendredi matin, son niveau est repassé sous les 4 m. Une cinquantaine de commerces et habitations ont été inondés vendredi, contre 90 locaux environ touchés la veille. Jeudi, à Quimperlé, les hauteurs d'eau dans les habitations ont parfois dépassé 1,50 m, dans un secteur déjà inondé à Noël. Et les Quimperlois sont excédés : la ville a déjà connu des grandes crues en 1995 et en 2000. Résignés ou en colère, ils estiment que des dégâts auraient pu être évités. Pourquoi une telle polémique ? Voici les réponses de francetv info.
Pourquoi Quimperlé est-elle particulièrement touchée ?
La Laïta est formée par deux cours d'eau, l'Ellé et l'Isole, après leur confluence. "Ils s'unissent au cœur de la basse ville [de Quimperlé], en un cours d’eau étroit", explique Ouest France, de sorte que la commune du Finistère se trouve en première ligne en cas de fortes pluies, après le gonflement des rivières. Et, en aval de Quimperlé, la Laïta s'épaissit dans l'autre sens quand la marée monte. "L’inondation, c'est le choc de l'eau qui descend et de celle qui remonte", précise le secrétaire général de la préfecture du Finistère à Ouest France.
Pourquoi les systèmes d'alerte sont-ils pointés du doigt ?
Le rôle du dispositif Vigicrues est d'anticiper et d'alerter en cas de risques d'inondations. La vigilance rouge "crues" pour le Finistère n'a été déclenchée que jeudi vers 16h30 par Météo France, laissant peu de temps aux habitants pour s'organiser. "Des écarts ont été constatés entre les prévisions de crues du service spécialisé de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dréal) et la réalité des crues sur Quimperlé", s'est justifiée la préfecture du Finistère jeudi soir, via un communiqué. Elle précise que "la prévision reposant sur des variables météorologiques n'est pas une science exacte".
Déjà, après le passage de la tempête Dirk en décembre, le ministre de l'Intérieur avait reconnu "une erreur d'appréciation" des services de l'Etat, qui n'avaient pas suffisamment pris en compte le risque de crues en Bretagne. "Je vais demander aux préfets concernés, notamment au préfet de région, de tirer un certain nombre d'enseignements, faire un certain nombre d'évaluations (...) pour comprendre pourquoi le niveau d'alerte (...) un cran au-dessus n'a pas été donné", avait alors déclaré Manuel Valls.
Contacté par francetv info, Erwan Balanant, habitant de Quimperlé (conseiller municipal et tête de liste sans étiquette aux municipales de mars prochain) dénonce une "défaillance des systèmes d'alerte et de vigie". "L'alerte à la population a mal fonctionné, tout comme l'anticipation du risque par les autorités. Il suffit de l'observer : l'eau monte chaque année de plus en plus vite. Il faut le prendre en compte, les délais sont raccourcis, explique-t-il. D'autre part, il manque un travail sur la culture du risque. Le risque d'inondation de Quimperlé restera toujours, du fait de la confluence des rivières. Or, depuis 2000 et le dernier épisode grave, on a oublié le risque. Nous devrions faire des exercices d'évacuation et d'anticipation, par exemple."
Pourquoi Quimperlé n'est-elle pas la seule concernée ?
La Laïta est alimentée par deux cours d'eau et son bassin a des dimensions exceptionnelles : "900 km2, soit une zone de 30 km sur 30", note France Inter. La radio précise donc que "ce n'est pas à Quimperlé qu'il faudrait agir pour limiter les crues, mais sur les autres communes", en amont.
"Je suis furieux car depuis les grandes inondations de 2000, où l'eau était montée à 2,30 m dans les habitations, rien n'a été fait pour que l'eau puisse être retenue en amont", indique à l'AFP Jean-Pierre Julou, président de l'association Quimperlé inondations. "Nous réclamons depuis treize ans des retenues d'eau dès l'origine des affluents de la Laïta", ajoute-t-il. Interrogé par France 3 Bretagne, le maire de Quimperlé, Alain Pennec, en appelle à la solidarité des communes en amont : "Nous avons fait 6 à 7 millions d'euros de travaux pour permettre à l'eau de s'écouler. Il faudrait d'autres mesures en amont."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.