Pollution à l'arsenic : "Les services publics ne font rien du tout, c'est de la non-assistance à personne en danger"
Suite aux inondations d'octobre dernier dans la vallée de l'Orbiel (Aude), l'eau pourrait avoir charrié de l'arsenic d'une ancienne mine d'or. Une trentaine de parents se sont réunis devant l'hôpital de Carcassonne pour exprimer leur colère et leur crainte.
Depuis le début du mois de juillet, l'Agence régionale de santé (ARS) a testé les enfants qui vivent dans la vallée de l'Orbiel, touchée par les inondations d'octobre dernier. Sur les 103 enfants analysés, 38 présentent un taux d’arsenic élevé, au-dessus de la valeur de référence (10 microgrammes par gramme de créatinine). Les familles se sont réunies vendredi 16 août devant l'hôpital de Carcassonne pour exprimer leur colère et leur inquiétude. Elles pointent du doigt l'ancienne mine d'or de Salsigne, fermée depuis quinze ans, qu'elles soupçonnent d'être à l'origine de cette contamination.
Les spasmes et les maux de ventre du petit Rio, 4 ans, ont commencé après les inondations (d'octobre dernier) quand il jouait dans la cour de récréation de son école, se souvient sa maman Louisa : "Il met tout le temps ses doigts dans la bouche donc il a dû ingérer beaucoup d'arsenic puisqu'il jouait dans les cabanes, il grattait le sol."
Je suis en colère parce qu'après les inondations, il n'y aucun principe de précaution qui a été pris.
Louisaà franceinfo
"Les enfants ont été dans la cour pendant six mois, déjà qu'ils sont exposés à l'air parce qu'on est dans la vallée de l'Orbiel... C'est une catastrophe environnementale, ajoute-t-elle. Les services publics ne font rien du tout. C'est de la non-assistance à personne en danger."
Mais les inondations ne seraient que la partie immergée de l’iceberg. Gilles est persuadé que deux de ses enfants ont été contaminés par des particules d’arsenic dans l’air et il s'inquiète. "Aujourd'hui, on ne sait pas si avec des taux comme ça, dans vingt ans, ma fille ne va développer une maladie, un cancer. Aucun parent ici n'a envie de prendre le risque", explique le père de famille.
"Quoi qu'il arrive, on ne lâchera rien"
Selon les familles, l’ARS minimise la situation. "On nous prend pour des imbéciles", déclare Karine, la maman de Lilou, qui a un taux d'arsenic supérieur à la normale. "On se bat pour qu'ils essayent de faire quelque chose pour dépolluer. Je suis venue à la campagne pour que ma fille puisse respirer, être élevée différemment. Eh bien non, je l'ai contaminée, involontairement mais je l'ai fait quand même. Quoi qu'il arrive, on ne lâchera rien", promet Karine, qui a également déposé un prélèvement d'urine pour des analyses à l'hôpital.
Si moi aussi je suis contaminée, c'est clair que ça venait certainement de l'eau de source qu'on buvait.
Karineà franceinfo
L’ARS explique que ces analyses montrent seulement une exposition qui date de 10 jours et non pas une contamination chronique. L'agence a donné quelques recommandations aux familles comme éviter d’être en contact avec des résidus toxiques. Les enfants seront à nouveau testés deux mois après leur premier prélèvement, pour déterminer s’il s’agit d’une exposition à l’arsenic ponctuelle ou chronique.
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