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"On ne nous dit pas la vérité" : des parents manifestent le jour de la rentrée contre la pollution à l'arsenic dans la vallée de l'Orbiel

Une ancienne mine d'or et d'arsenic a laissé un sol pollué dans toute la vallée. 

Article rédigé par Stéphane Iglésis - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une cinquantaine de parents ont manifesté lundi 2 septembre à Conques-sur-Orbiel (Aude) contre la pollution à l'arsenic.  (STEPHANE IGLESIS / RADIO FRANCE)

"On manque de considération, on nous manque de respect, on ne nous dit pas la vérité, ce n'est pas concevable", affirme Vanessa, mère de deux enfants de 8 et 10 ans, qui ont fait leur rentrée lundi 2 septembre à Conques-sur-Orbiel (Aude).

Juste après que les enfants sont rentrés dans cette école rurale, près de Carcassonne, une cinquantaine de parents ont déployé une banderole "Enfants en danger, on veut la vérité". Au cœur de leurs inquiétudes : la pollution des sols. L’ancienne mine d’or de Salsigne, à côté de chez eux, a laissé derrière elle une pollution diffuse et de grandes quantités d’arsenic. Les inondations d’octobre 2018 ont accru les craintes : l'eau avait charrié les déchets de l'ancienne mine jusque dans la cour de l'école. Plusieurs enfants ont été intoxiqués.

La dépollution coûte cher, mais ils savent le faire pour d'autres parties de France : à Paris, Notre-Dame a été très vite dépolluée.

Vanessa

à franceinfo

"Ce n'est juste pas possible de nous laisser comme ça, dans le flou, avec des taux aussi hauts, sur des tout petits êtres", lance Vanessa. "On voudrait des actions vraiment concrètes, c'est-à-dire une dépollution de Salsigne, comme ça s'est fait ailleurs. Nous, dans le sud de la France, il y a plus de 40 enfants contaminés, c'est inacceptable ce qui est en train de se passer." Les familles en colère veulent que l'école primaire soit reconstruite dans le haut du village, là où les inondations ne sont pas passées.

Les parents n'ont plus confiance en personne : "Après les inondations, quand on a vu que toute l'eau qui descendait de là-bas, on s'est dit que peut-être, il y avait une source de pollution", raconte Laurence, une autre manifestante. "C'est quand on a vu qu'à Lastours, une famille avait fait des tests positifs, qu'on s'est dit qu'on allait faire les mêmes tests."

Personne ne nous a contactés. Ni le docteur, l'ARS, ni la préfecture, rien, personne.

Laurence

à franceinfo

Le seuil jugé anormal est à partir de 10 µg/g par litre de sang, mais cette norme est incertaine, selon l'Agence régionale de santé (ARS). Marlène est venue manifester car elle ne croit plus les autorités : "D'abord, c'est de l'indignation et de la révolte. On est tous des parents très en colère. Après, il y a bien-sûr l'inquiétude qui touche la majorité des parents dont les enfants ont été mesurés positifs."

Des manifestations "exagérées"

Mais tous les habitants ne sont pas sur la même longueur d'onde sur le sujet. Le village est en réalité coupé en deux, entre les "anciens" et les "modernes". Pour Gérard par exemple, habitant âgé de Conques, toutes ces manifestations sont "exagérées" : "Dans la terre, il y a de l'arsenic, mais les légumes n'ont rien du tout, on a fait faire deux analyses, à deux mois d'intervalle. Il n'y a pas de plomb, pas de cadmium, pas de mercure. L'arsenic, c'est quantifié, ils ne savent pas trop."

Cet habitant évoque la mémoire de son père, mort à 92 ans, après avoir travaillé pendant 45 ans dans la mine de Salsigne : "Tous les gens qui se plaignent, ce sont des gens qui ne sont pas de Conques, qui sont venus en ville-dortoir, mais ils sont en train de tuer la vallée." Gérard fait partie des anciens habitants, qui estiment qu'il y a moins de pollution aujourd'hui qu'à la fermeture de la mine, en 2005.

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