Intoxications à l'arsenic dans l'Aude : "On a perdu confiance dans les autorités"
L'Agence régionale de santé est venue répondre aux inquiétudes des habitants de la vallée de l'Orbiel, où des taux importants d'arsenic ont été décelés chez des enfants.
Dans la vallée de l'Orbiel, dans l'Aude, l'inquiétude règne chez les habitants depuis près de trois mois. Depuis le mois d'avril, et la découverte d'importantes concentrations d'arsenic dans les sols, et les urines des riverains. Ce sont probablement les inondations d'octobre qui ont charrié ces pollutions depuis les anciens sites miniers de Nartau et de Salsigne, et les ont amenées, parfois, jusqu'aux cours d'écoles de plusieurs communes.
Des parents en colère, l'ARS incertaine
Plusieurs parents ont, depuis, fait analyser les urines de leurs enfants à l'hôpital de Carcassonne. À Conques-sur-Orbiel, ils sont plusieurs à présenter des taux importants d'arsenic. Face à la colère qui monte, l'Agence régionale de santé a décidé de venir répondre aux habitants et aux élus locaux.
Plusieurs familles sont réunies, lundi 8 juillet, dans le petit théâtre de la ville. Face à elles, les responsables de l'ARS, mais aussi ceux du centre anti-poison de Toulouse. Denis, père de deux garçons présentant un taux d'arsenic très élevé, prend la parole.
"On a perdu confiance dans les autorités. Le problème est très simple : vous avez un problème de pollution dans le sol", s'énerve le père de famille. "Demandez à des enfants de deux ans et demi de ne pas toucher à ce qu'il y a par terre... Impossible !".
Il faut mettre les enfants en sécurité. Sauvez-les, sortez-les de là.
Denis, père d'enfants contaminés à l'arsenicà franceinfo
Du côté de l'ARS, la défense est simple : "On n'a aucune certitude que les enfants qui présentent un taux d'arsenic élevé, ça provient de l'école ! On a pas assez d'éléments..." Mais très vite, la phrase de cette responsable se perd dans un brouhaha de mécontentement.
Le maire de Lastour particulièrement remonté
Marlène, maman d'un petit de 3 ans et demi,pour lequel elle attend les résultats d'analyses, hausse le ton : "Donnez-nous la preuve que dans l'école, il y a zéro risque, et on vous laissera tous tranquilles ! Vous n'êtes pas capables de nous dire à 100% qu'il n'y a aucun doute."
"Qu'un enfant soit dans un environnement dangereux, est-ce que là, il n'y a pas un principe de précaution ? Est-ce qu'on ne peut pas en appeler au préfet ?", crient d'autres parents en colère. Le maire de Lastour, la commune voisine, bouillonne sur son siège. Et quand Max Brail finit par prendre la parole, il ne mâche pas ses mots.
Si on en est là, c'est qu'il y a, quand même, au dessus de nos têtes, 1,4 million de tonnes d'arsenic quasiment pures. Ce qu'il faut, c'est savoir où ça va, comment ça rayonne. Faites les analyses pour les enfants, faites ce suivi, redonnons de la confiance : c'est ça dont les gens ont besoin.
Max Brail, maire de Lastourà franceinfo
"Il faut mettre toutes les forces en commun pour endiguer toutes ces pollutions qu'on ne devrait plus avoir. Voilà où est le vrai problème !", conclut le maire, sous les applaudissements des parents présents.
Après deux heures d'échanges houleux, les parents repartent abattus, convaincus que l'ARS compte sur les vacances pour que la colère retombe. Ils promettent de se mobiliser dès la rentrée. L'ARS d'Occitanie, elle, préfère continuer à jouer l'apaisement, et propose une nouvelle réunion pour répondre aux parents, mardi 9 juillet, cette fois dans la salle des Congrès de Trèbes.
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