"Avant, tout n'était que vignes, maintenant tout est goudronné" : l'urbanisation en cause après les inondations dans l'Aude
Après les intempéries dans l'Aude, l’urbanisation est pointée du doigt, notamment dans le secteur du récent hôpital de Carcassonne, construit sur une ancienne zone inondable. Malgré les précautions, il n'a pas été épargné par le déluge.
Après les inondations meurtrières dans l'Aude, l’urbanisation des territoires pose question, en particulier dans le secteur de hôpital de Carcassonne, en fonction depuis 2014. Le bâtiment a été construit sur une ancienne zone inondable, aménagée pour éviter les intempéries, mais dès mardi sur franceinfo, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, pointait du doigt "une défaillance des locaux techniques" dans un établissement "gravement touché".
Le centre hospitalier a pourtant fière allure, au milieu d’un vaste espace vert. L'hôpital a été inauguré en juin dernier par la ministre de la Santé. Le bâtiment a été construit sur une ancienne zone inondable viabilisée. Pour son directeur, Alain Guinamant, toutes les précautions ont été prises.
Pour mettre l'hôpital dans des conditions de sécurité, il a fallu qu'on surélève le terrain de quatre mètres.
Alain Guinamantà franceinfo
La surélévation n’a pourtant pas suffi. Lundi 15 octobre, en raison des fortes pluies, les caves de l’établissement ont été inondées, tout comme l'un des accès à l'établissement. Pourtant, l’hôpital est censé être protégé par des bassins de rétention d’eau en cas de déluge. Un immense champ au bord duquel des lotissements ont été construits, où habite Laura. Elle s’est retrouvée avec 1,50 mètre d’eau dans son appartement.
"À aucun moment, on ne m'a dit que j'étais en zone inondable", affirme-t-elle. Si elle l'avait su, elle ne se serait certainement pas installée en rez-de-chaussée, dit-elle. Ironie du sort, Laura travaille, en face, à l'hôpital où elle est infirmière. Les 400 mètres qui la séparent du centre hospitalier se sont transformés en immense rivière. "Tout le monde dit que l'hôpital est construit sur un terrain inondable, qui était des marécages avant", indique l'infirmière.
Un peu plus loin, se situe le restaurant du Château Saint-Martin, une belle demeure tenue depuis 30 ans par Jean-Claude Rodriguez. Pas de doute pour lui, l’urbanisation est seule responsable. "Quand nous sommes arrivés ici, cette route n'existait pas. Tout cela n'était que vignes jusqu'au sommet du plateau, indique-t-il. Maintenant, tout est goudronné. C'est une route à deux voies avec beaucoup de monde, beaucoup de lotissements autour." Le restaurateur a tenté de lancer l'alerte.
J'ai même averti, mais il paraît que je suis un emmerdeur. Ça n'a servi à rien et malheureusement, c'est arrivé.
Jean-Claude Rodriguezà franceinfo
Toute la zone va devoir être repensée, la capacité des bassins de rétention étant largement insuffisante en cas de précipitations exceptionnelles.
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