Cet article date de plus d'onze ans.

Giec : trois questions pour comprendre pourquoi la Terre se réchauffe

A l'occasion de la publication d'un rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, l'océanographe Laurent Bopp revient sur la réalité du réchauffement climatique.

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des arbres morts près de l'ancienne rivière Shiyang, devenue un désert, à Mingin (Chine), en septembre 2013. (CARLOS BARRIA / REUTERS)

Laurent Bopp est océanographe, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE) et chargé de recherche au CNRS. En tant qu'auteur, il a participé à la rédaction du 1er volet du rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), dont la synthèse est rendue vendredi 27 septembre. Plus de 250 chercheurs ont été mis à contribution, à travers une quarantaine de pays. 

Leurs conclusions, basées sur l'étude de plus de 9 000 articles scientifiques publiés depuis 2007, tendent à confirmer l'impact de l'activité humaine sur le réchauffement climatique. Le spécialiste revient sur cette réalité complexe que constituent les changements climatiques.

Francetv info : Qu'est-ce qui nous permet d'établir un lien entre activité humaine et réchauffement climatique ?

Laurent Bopp : Nous relions de façon certaine l’activité humaine avec l'augmentation des gaz à effet de serre. L'augmentation du taux de CO2 dans l'atmosphère est causée par l’activité humaine, et notamment par les émissions de carbone liées à la combustion du pétrole, du charbon, du gaz naturel, etc. Par ailleurs, nous avons observé une modification de la température de surface, ainsi que d'autres phénomènes depuis le début de l'ère industrielle. Les scientifiques ont établi un lien entre ces deux observations. Et ce en utilisant diverses techniques.

L’une d’elle consiste à établir des modèles "système Terre" [une représentation de la réalité en un endroit donné] et à leur faire "jouer" différents scénarios. Un scénario dans lequel la concentration des gaz à effet de serre n’a pas changé ces 50 ou 100 dernières années. Et un autre où elle a augmenté. Nous comparons ensuite les différentes simulations. Aujourd'hui, nous n'arrivons pas à expliquer le réchauffement observé autrement qu'en tenant compte des gaz à effet de serre. Il existe aussi des méthodes statistiques qui permettent de montrer le lien entre le changement d’une variable climatique et le forçage, la concentration des gaz à effet de serre.

Enfin, des observations tendent à le confirmer : la température de surface augmente tandis que les ballons sondes, les satellites ou d'autres instruments de mesure observent que la température diminue dans la stratosphère depuis une quarantaine d’années. C'est une signature des gaz à effet de serre : si l'augmentation de la température n'était due qu'à un cycle naturel du soleil, la haute atmosphère serait également réchauffée.  

Parce que le climat ne se réchauffe plus depuis une quinzaine d'années, les climatosceptiques assurent que le Giec est volontairement alarmiste. Comment expliquez-vous que la hausse des températures soit à l'arrêt ?

Nous observons que la température augmente moins vite depuis quelques années, alors que la quantité de CO2 émise continue d’augmenter très vite : cela illustre la variabilité décennale dans le climat. Si l'on regarde sur trente ans, alors oui, la température augmente, mais au sein de cette tranche, il existe des phases. En ce moment, il semble que nous soyons en train d’oberver une phase pendant laquelle la température se refroidit, ou du moins augmente moins vite. Il s'agit d'une période assez longue qu'il convient d’expliquer : il y a bien plus de chaleur dans le système, mais elle n’est pas observée en surface. Une des hypothèses défendues dans de récents articles, c'est qu'elle est dans l’océan.  

Sommes-nous capables de lier ce réchauffement à des phénomènes climatiques extrêmes, tels que les typhons, la sécheresse etc. ?  

Beaucoup de travaux ont été réalisés sur cette question ces dernières années et certaines de leurs conclusions sont prises en compte dans le nouveau rapport du Giec. Des publications indiquent des liens entre réchauffement climatique et phénomènes extrêmes, mais ce n'est pas nécessairement une augmentation de la fréquence des cyclones tropicaux par exemple. Cela peut être l'augmentation de l’intensité de certains d’entre eux. Le lien entre les événements extrêmes et le changement climatique a d'ailleurs donné lieu à un rapport thématique (PDF), publié l’année dernière par le Giec.

Consultez lamétéo
avec
voir les prévisions

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.