"En 2030, le réchauffement climatique va engendrer la perte de 80 millions d'emplois", estime l'OIT
Catherine Saget, cheffe d’équipe au département de la recherche de l’Organisation internationale du travail, a expliqué, lundi sur franceinfo, qu'en 2030, 2,2% du total des heures travaillées dans le monde pourraient être perdues en raison des températures élevées.
L'épisode de canicule que vient de connaître la France est amené à se répéter dans les années à venir. Ces épisodes seront de plus en plus fréquents et ils auront un impact sur la productivité des travailleurs. Ces estimations proviennent du rapport "Travailler sur une planète plus chaude : l’impact du stress thermique sur la productivité du travail et le travail décent", publié par l'Organisation internationale du travail, lundi 1er juillet. Catherine Saget, cheffe d’équipe au département de la recherche de l’OIT et co-autrice du rapport a répondu aux questions de franceinfo.
franceinfo : Est-ce que le réchauffement climatique va nous coûter cher ?
Catherine Saget : Il nous coûte déjà cher ! On estime qu'en 1995, la perte des heures travaillées atteignait déjà 1,4%, un chiffre très élevé. En 2030, le réchauffement climatique va engendrer la perte de 80 millions d'emplois. On peut comparer aux 170 millions de chômeurs dans le monde à l'heure actuelle... Sachant que c'est une estimation globale, mais il y a des pays qui sont extrêmement touchés. Or ce sont déjà des pays qui ont un déficit de travail décent, qui n'ont pas de système de sécurité sociale développé. Les pays les plus pauvres vont être aussi les plus impactés.
Comment avez-vous calculé ?
Pour tous les travailleurs, on connaît le secteur d'activité, mais aussi le niveau de température de la localité du travailleur. On sait aussi globalement de combien baisse la productivité pour chaque niveau d'effort et de température. On peut donc agréger les pertes de productivité pour tous les travailleurs. Par exemple, pour un travailleur agricole, la productivité baisse de 50% vers une température de 35°C. Il perd donc une demi-heure de travail toutes les heures. C'est comme cela qu'on arrive à cette estimation mondiale de 2,2% d'heures travaillées en moins en 2030. On commence à ralentir à 24°C et à 39°C, on ne peut tout simplement plus travailler.
Quelles sont les régions du monde qui seront les plus touchées ?
Les deux régions les plus touchées sont l'Asie du Sud et l'Afrique de l'Ouest, où la perte d'heures travaillées atteint 5%. Les pays occidentaux et l'Europe seront beaucoup moins touchés. On a très peu d'impact, sauf peut-être pour un pays comme l'Espagne. En revanche, en ce qui concerne les pics de chaleur ponctuels et les épisodes de canicule, là l'Europe est concernée. Pour un pays comme la France, l'effet resterait assez marginal, mais il y a quand même un effet très désagréable, avec ces vagues de chaleur de plus en plus régulières et intenses.
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