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Détachement d'un iceberg géant : un signe "avant-coureur" de la montée des eaux, selon un expert

Pour l'expert Olivier Gagliardini, le vêlage, ou détachement d'un iceberg, est un signe avant-coureur d'une possible dislocation de la plateforme de glace Larsen C et, en conséquence, de la montée des eaux.

Article rédigé par Licia Meysenq - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Vue de la faille de la plate-forme glacière Larcen C, d'où s'est détaché un iceberg géant, le 1er juin 2017, en Antarticque. (JOHN SONNTAG / NASA)

Il fait la taille d'un département comme l'Ain ou le Gard et pèse mille milliards de tonnes : l'iceberg A68 vient de se former le 12 juillet dernier. Il s'est détaché d'une partie de l'Antarctique, la plate-forme de glace Larsen C.   

Si ce phénomène naturel n'a aucune conséquence sur la montée des eaux, il pourrait être un signe avant-coureur de la désintégration de Larsen C qui entraînera une hausse du niveau de la mer. Olivier Gagliardini, professeur à l'Université Grenoble Alpes et responsable de l'équipe Glace à l'institut des géosciences de l’environnement (IGE) fait le point pour franceinfo.

Franceinfo : Quelles sont les conséquences du vêlage, ou détachement, de cet iceberg ?

Olivier Gagliardini : L'iceberg va dériver. Il risque de se fracturer en plusieurs icebergs de plus petites tailles ou, cela s'est déjà vu, se bloquer et rester au même endroit pendant des années. C'est impossible à prédire, mais il va être suivi très régulièrement.

Mais la conséquence la plus importante concerne Lasen C, la plate-forme d'où l'iceberg s'est détaché qui représente 10% de sa surface. Cela va la fragiliser et nous, les scientifiques, pensons qu'il s'agit d'un signe avant-coureur de sa possible désintégration. Dans l'Antarctique, deux plates-formes ont déjà disparu, le Larsen A et le Larsen B, respectivement désintégrées en 1995 et 2002.

Que va-t-il se passer si Larsen C se désintègre ? 

Cette plate-forme joue un rôle de bouclier et protège les glaciers qui sont situés en amont. Elle retient aussi l'écoulement de ceux-ci. Quand, en 2002, Larsen B s'est désintégré, on a vu la vitesse d'écoulement des glaciers multipliée par huit, ce qui contribue à l'augmentation du niveau de la mer. Si Larsen C se désintègre, il va y avoir une remontée des eaux que nous estimons à deux centimètres même si ça ne sera pas instantané. Pour l'instant, l'augmentation totale du niveau de la mer est de trois milimètres par an. La perte de volume de l'Antarctique y contribue pour 0,4 millimètre et le Groenland 0,6 millimètre par an. Le reste provient des glaciers et de l'expansion thermique. 

Est-ce que le réchauffement climatique est responsable du vêlage de l'iceberg et de la fragilisation du Larsen C ?

Aujourd'hui, il est impossible de déterminer ce que cela aurait changé s'il n'y avait pas eu de réchauffement climatique. La surface des plates-formes de glace, comme Larsen C, se fissure de manière naturelle. Parfois, des icebergs se détachent, c'est là aussi un phénomène naturel. C'est ce qui s'est passé pour "A68", même s'il s'agit du plus gros iceberg observé depuis trente ans.

Cependant, le réchauffement climatique contribue à amplifier le vêlage d'icebergs. La température augmente aussi à la surface de la calotte et de l'océan. On voit que les plates-formes sont grignotées et s'amincissent à la suite de ce réchauffement, ce qui les fragilise.

Peut-on agir pour éviter la dislocation de Larsen C ? 

Je ne vois pas de moyens humains qui permettraient d'intervenir. Il faut diminuer notre production de gaz à effet de serre.

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