"Ça ne veut pas dire qu'il va faire froid cet été" : le phénomène "La Niña" décrypté par un météorologue

Article rédigé par franceinfo
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Illustration du phénomène El Nino en Colombie (JAIME SALDARRIAGA / AFP)
El Niño, ce phénomène climatique qui réchauffe l’eau et l’atmosphère, se résorbe. La Niña, son pendant inverse, pourrait prendre le relais. Mais de quoi s'agit-il et à quoi faut-il s'attendre ? On a posé nos questions à Sébastien Léas, prévisionniste à Météo France.

Ce sont les deux faces d'une même pièce. Côté pile, El Niño synonyme de températures plus élevées. Côté face, La Niña a tendance, elle, à les réduire. L'observatoire européen Copernicus, dans son dernier bulletin mensuel publié jeudi 7 mars, faisait état d'une planète en surchauffe, sur les 12 derniers mois : le monde a connu une température 1,56°C plus élevée que le climat moyen du XIXe siècle, souligne l'observatoire européen.

En cause ? L'inertie thermique des océans, couplée au réchauffement climatique et au phénomène El Niño. Ce dernier, selon l'Organisation météorologique mondiale, a atteint son pic en décembre et devrait donc se résorber pour éventuellement laisser sa place à sa petite sœur, La Niña.

Interrogé par franceinfo, Sébastien Léas, prévisionniste à Météo France, nous explique ce phénomène, tout en rappelant que l'arrivée de La Niña est encore teintée d’incertitudes.

Franceinfo : Comment peut-on définir La Niña ?

Sébastien Léas : La Niña est un phénomène climatologique de grande échelle, une anomalie froide des températures de surface qui se produit sur le bassin Pacifique. Elle est le pendant d'El Niño, qui est une anomalie chaude des températures de surface observée tous les deux à sept ans. Les conséquences dans les deux cas sont planétaires, mais l'un n'induit pas l'autre. On sous-entend que La Niña se produira quand il n'y a pas El Niño, mais il y a aussi des années où aucun des deux n'est observé. Sur les 50-70 dernières années, on doit se retrouver avec une vingtaine d'épisodes d'El Niño et un peu plus d'une quinzaine pour la Niña.

Alors que l'on vient de vivre l'hiver le plus chaud jamais enregistré, La Niña pourrait faire baisser les températures. C'est plutôt une bonne nouvelle, non ?

La Niña modère un peu les températures anormalement élevées causées par El Niño. Mais il y a toujours l'inertie du réchauffement climatique qui fait que, de toute façon, on aura des températures élevées, au moins au niveau global. Ça ne veut donc pas forcément dire non plus qu'il va faire plus froid cet été. En 2020, La Niña était observée dans le Pacifique et pourtant, cette année avait été la plus chaude au niveau mondial - dépassée depuis par les années suivantes.

Quelles sont les conséquences ?

La Niña ne frappe pas toutes les régions du monde de la même manière. Dans le Pacifique, on peut s'attendre à voir moins de typhons qui sont en général l'œuvre d'El Niño. On pourra observer moins de précipitations en Indonésie, il y aura aussi des impacts visibles au Pérou ou encore au Brésil. Ailleurs, il pourrait y avoir davantage d'ondées tropicales. La Niña peut occasionner des ouragans côté Atlantique. Mais plus on s'éloigne, plus le phénomène est difficile à observer. Les conséquences sont aussi visibles sur la faune sauvage, les poissons notamment vont se déplacer quand la température de l'eau augmente, lors du phénomène El Niño. Ils reviendront quand arrive La Niña. Ce qui peut avoir un impact sur la pêche. Mais il ne faut pas oublier qu'il y a une variabilité du climat. Il n'y a pas de vérité absolue, on essaye de réfléchir au niveau global.

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