"Je fais ça pour la planète moi Monsieur !" : trois ONG engagées dans une grande action de désobéissance civile en faveur du climat
Greenpeace, les Amis de la Terre et ANV COP 21 mènent vendredi une action d'ampleur, la plus grande jamais organisée en France, pour dénoncer l'inaction climatique du gouvernement. Franceinfo a suivi les préparatifs de cette opération symbolique.
"Bloquons la République des pollueurs". C'est un gros coup médiatique que Greenpeace, Les Amis de la Terre et ANV COP 21 entendent mener vendredi 19 avril pour dénoncer l'inaction du gouvernement en faveur du climat. Ce matin, des militants écologistes bloquaient les accès à plusieurs bâtiments à La Défense (Hauts-de-Seine), rapporte le journaliste de franceinfo sur place. En tout, ce sont plus de 2 000 militants qui sont mobilisés dans cette action, selon les associations. Une centaine d'entre eux empêchent notamment les employés d'accéder à la tour de Total. Des actions sont également en cours devant la tour de la Société générale et la tour EDF.
Résistance passive
Franceinfo a pu assister aux préparatifs de cette grande action de désobéissance civile, dont les détails étaient gardés secrets. Une opération préparée minutieusement depuis des semaines, notamment pendant les réunions de "formation" au siège de Greenpeace à Paris, où les formateurs enseignent les rudiments de la résistance passive. David joue l'activiste, ses camarades eux les policiers qui le traînent pour le dégager : "Ça va Monsieur ?", lui demandent ses camarades. "Je frotte moi, je frotte par terre, je fais ça pour la planète moi Monsieur !", leur répond David.
Une formation dans la bonne humeur, mais participer à une action de désobéissance civile n'est pas sans conséquence. Ces actions non violentes n'en restent pas moins illégales. Alors il faut suivre quelques consignes. "Si vous êtes séparé du groupe, menotté et qu'on vous amène dans un véhicule, là a priori vous êtes en état d'arrestation. A ce moment-là il n'y a plus de dialogue, la seule chose qu'on peut donner c'est sa petite identité. Pour le reste, c'est 'je n'ai rien à déclarer'", conseille Emma, formatrice pour l'association ANV COP 21. Parmi les 60 apprentis activistes présents, tous ne sont pas sûrs d'aller au bout. Victoire, 25 ans, est pourtant une habituée des actions coups de poings avec les "gilets jaunes". "Juridiquement je suis pas prête à avoir des problèmes, je préfère passer le relais", explique-t-elle.
"Réquisition" du portrait d'Emmanuel Macron
Lors de ces formations, les activistes font aussi une "réquisition" du portrait d'Emmanuel Macron. Il s'agit d'aller dans une mairie et tout simplement subtiliser en toute discrétion le portrait officiel du président de la République.
L'idée est de montrer qu'Emmanuel Macron décroche de ses objectifs en matière climatique
L'association ANV COP 21
À la mairie du 8e arrondissement de Paris, les militants sont rentrés en se faisant passer pour des étudiants en architecture car le bâtiment est classé. Le temps d'une photo avec un gilet jaune siglé au nom de l'association et le portait est placé dans une grande pochette à dessin qui quitte la salle des mariages de façon assez rocambolesque. "Là on va faire disparaître le portrait qu'on a déjà décroché. Il est en train de descendre tout doucement par la fenêtre", explique Élodie.
Gardes à vue, perquisitions et procès
L'opération n'a duré que quelques minutes. L'équipe est déjà dans la rue. "J'avais le coeur qui battait très très fort et je voyais Sandy [une autre activiste] derrière avec son gilet jaune, qui ouvrait et qui fermait les fenêtres, qui faisait la tyrolienne et jusqu'à la fin je me disais que c'était obligé qu'ils se rendent compte de quelque chose", souligne Julie, pour qui la pression retombe.
L'association a requisitionné de cette façon 33 portraits un peu partout en France. Des actions qui ne sont pas sans conséquences pour les activistes : gardes à vue, perquisitions de leur domicile et même procès pour 22 d'entre eux dans les mois à venir. Selon l'une des associations organisatrices les militants risquent vendredi un passage en garde à vue et pour certains des amendes, n'excédant pas 500 euros.
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