Vendangeurs morts lors de fortes chaleurs : "Il faut adapter le code du travail aux changements climatiques", réagit un responsable syndical au ministère du Travail

Pour Anthony Smith, "il faut adapter le code du travail aux changements climatiques". Selon la préfecture de la Marne, au moins trois vendangeurs ont péri dans les vignes durant la vague de chaleur de début septembre.
Article rédigé par franceinfo
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Des vendangeurs travaillent dans les vignes. Photo d'illustration. (FREDERICK FLORIN / AFP)

"On exige un plan zéro mort au travail", réagit mercredi 13 septembre sur franceinfo, Anthony Smith, responsable syndical au ministère du Travail, alors qu'au moins trois vendangeurs ont péri dans les vignes de la Marne durant la vague de chaleur de début septembre, selon la préfecture.

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"Il faut adapter le code du travail aux changements climatiques", insiste Anthony Smith, car "le bon sens ne suffira pas". Cet inspecteur du travail dénonce les propos du ministre du Travail après la présentation de son plan canicule en juin. Olivier Dussopt avait déclaré qu'il s'agissait "de consignes de bon sens". Mais "ça ne suffit pas", répète-t-il. Cet responsable syndical au ministère du Travail regrette les "stéréotypes qui continuent d'être véhiculés" sous-entendant qu'un accident du travail "est de la faute à 'pas de chance' voire de la faute des victimes qui ne portaient pas leur casquette ou qui ne buvaient pas".

Anthony Smith, au nom du Conseil national de l'inspection du travail, demande qu'"un plan d'action chaleur soit transmis aux inspecteurs du travail par les employeurs". Un plan dans lequel figurerait "des mesures techniques, organisationnelles pour limiter les risques d'exposition", en modifiant les horaires, en réduisant les journées de travail et en augmentant les pauses payées, suggère-t-il. Et si ce n'est pas suffisant, "il faut arrêter l'activité, le temps nécessaire pour permettre aux travailleurs de ne pas être exposés", aux trop fortes chaleurs.

"On expose des travailleurs à un risque mortel"

Selon lui, le gouvernement doit fixer "de nouvelles obligations, précises, aux employeurs". Par exemple, il "réclame des seuils réglementaires d'exposition à la chaleur", d'autant plus que "l'exposition des travailleurs va être une question récurrente dans les années à venir". Anthony Smith estime que les vignerons "doivent s'organiser" comme dans le secteur du BTP, car poursuit-il, "les employeurs ont une énorme responsabilité, ils ont une obligation de prévention des risques". Ce responsable syndical au ministère du travail précise que le code du travail les oblige à "adapter le travail à l'homme".

Le salarié peut exercer son droit de retrait s'il a un motif raisonnable de penser qu'il y a un danger. "C'est très théorique parce que ce droit de retrait, c'est un droit individuel qui peut être requalifié en faute par l'employeur", rétorque Anthony Smith. "Il faut qu'on prenne conscience en France qu'on expose des travailleurs à un risque mortel", interpelle-t-il. Selon les données d'Eurostat, la France est le pays européen où il y a le plus d'accidents par travailleurs. Et c'est le 9e pays sur 27 qui compte le plus d'accidents mortels au travail.

"Il faut donc vraiment réagir, il faut que le politique prenne une position qui est la réactivité en cas de fortes chaleurs."

Anthony Smith, responsable syndical au ministère du Travail

à franceinfo

Or, il estime que "la tendance ne va pas vers la protection de la santé et de la sécurité des travailleurs". Il cite une proposition de loi déposée par le Rassemblement national le 4 juillet dernier visant à "suspendre le repos hebdomadaire pendant les vendanges qui revêtent, à bien des égards, un caractère exceptionnel".

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