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Canicule : "Certains enfants font des malaises", raconte une directrice d'école

Avec ce coup de chaleur précoce, les conditions pour faire classe sont de plus en plus difficiles. Franceinfo a interrogé des directrices d'école du sud de la France.

Article rédigé par franceinfo - Louise Bugier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des parents d'élèves ont bloqué l'école de La Mareschale, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), pour demander de meilleures conditions d'accueil en période de forte chaleur, le 19 juin 2017. (MAXPPP)

Soixante-six départements placés en vigilance orange et des températures avoisinant 40°C dans les moments les plus chauds de la journée. Depuis quelques jours, la canicule s'est abattue sur une grande partie de la France métropolitaine. Certains départements, comme le Vaucluse et le Gard, ne sont toujours pas en alerte, mais la vague de chaleur s’y est installée très tôt. Dans ces conditions, faire cours à des enfants peut rapidement virer au cauchemar.

Des manifestations de parents d'élèves

A Nîmes (Gard), l'école de la Cigale donne plein sud et sa façade n’est qu’une grande baie vitrée. Lundi dernier, il y faisait 34°C dans les salles de classe et plus de 36°C dans le dortoir où les plus petits font la sieste. Résultat : des maux de tête, des vertiges, de la déshydratation et des pics de fièvre. "Certains enfants ont même fait des malaises, on a dû appeler les parents", confie à franceinfo Véronique Deniel, directrice de la maternelle. Toute la semaine, elle a enchaîné les appels à la mairie de Nîmes.

Ils me disent de garder les enfants à l'ombre et de fermer les volets. On n'a même pas de volets !

Véronique Deniel, directrice d'école

à franceinfo

Contactée par franceinfo, la mairie de Nîmes n’a pas souhaité répondre.

Le problème ne se limite pas à Nîmes, loin de là. Devant l’école primaire La Trillade, à Avignon (Vaucluse), jeudi après-midi, des parents se sont rassemblés pour protester contre les mauvaises conditions de prise en charge de leurs enfants. Beaucoup ont d’ailleurs préféré les garder chez eux. Farida Boulabya, présidente des parents d’élèves de l’école, menait le rassemblement. "Nous sommes bien conscients que climatiser l'établissement n'est pas possible. En revanche, nous demandons des rideaux occultants pour réduire l'impact du soleil et donc de la chaleur", explique-t-elle à La Provence.

Lundi, nouvelle manifestation, devant l'école La Mareschale, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) cette fois. Une pétition intitulée "Alerte canicule ! Les enfants en danger dans les écoles aixoises" a même été lancée par des parents d'élèves, rapporte La Provence.

"Les mairies sont responsables"

Depuis une semaine, dans le Vaucluse, les syndicats d'enseignants tirent la sonnette d'alarme. Jean-François Brasquies, représentant Snudi-Force Ouvrière, a reçu des dizaines de mails d'écoles de tout le département. Le syndicat a saisi à plusieurs reprises le directeur académique des services de l'Education nationale (DA-SEN). "Sans succès. On nous a finalement dit que le DA-SEN n'avait pas la responsabilité de ce genre de problèmes. Pourtant, c'est comme une entreprise, c'est lui l'employeur de tous ces enseignants, donc le responsable de leurs conditions de travail", estime le syndicaliste.

Du côté de l'Education nationale, on rejette la responsabilité sur les municipalités. "Les mairies sont propriétaires des murs, et sont donc responsables quand il s'agit d'acheter du matériel", rétorque Stéphane Mollier, adjoint au directeur académique, contacté par franceinfo. En outre, l'académie assure rappeler régulièrement aux mairies leurs responsabilités. Elle affirme aussi envoyer des consignes aux écoles sur les bons usages en cas de chaleur. 

Ils nous disent de mettre les enfants à l'ombre, limiter les activités sportives et boire beaucoup... On habite dans le Sud, on le sait !

la directrice de l'école La Trillade

à franceinfo

"Deux ventilateurs pour quatorze classes"

Au final, en une semaine, rien ne semble avoir réellement changé dans les écoles de la région. A l’école de la Cigale de Nîmes, la directrice a fait un malaise en sortant du dortoir des enfants. Depuis, la mairie lui a envoyé quatre ventilateurs. La mairie d’Avignon a quant à elle livré deux brumisateurs par classe dans toute la ville. Mais "ça se vide en une journée", déplore la directrice de l'école La Trillade. La mairie lui a également promis "deux ventilateurs pour quatorze classes", mais elle dit n’avoir toujours rien reçu. Certains professeurs ne peuvent plus faire classe dans leurs salles. "Ils vont dans la cour, à l’ombre, et font la lecture", conclut la directrice.

Pour faire face à ces vagues de chaleur récurrentes, le Vaucluse a installé des appareils à air conditionné dans certaines écoles. Mais c’est loin d’être généralisé. Sur près de 500 écoles maternelles et élémentaires du département, seules une dizaine sont climatisées. "Rien n'est fait pour changer les choses, regrette Jean-François Brasquies. Il suffirait de prévoir à l'avance, étant donné que ça arrive tous les ans !"

D'autant que ces épisodes de chaleur sont de plus en plus précoces. Cette année, c’est même exceptionnel. "Normalement, on serre les dents dix jours et c'est fini, mais cette année, ça a commencé un mois avant la fin des cours !", explique la directrice de l’école avignonnaise. Les fortes chaleurs devraient continuer au moins toute la semaine. L’année scolaire, elle, n’est pas finie : les cours termineront le 7 juillet.

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