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Invitée : Valérie Fignon : "Laurent"

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Article rédigé par franceinfo
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Pendant 13 ans, elle a partage la vie de l'un des plus grands champions cyclistes. Aujourd'hui, ce sont les longs mois de lutte contre la maladie, Voici maintenant l'invitée des Cinq Dernières Minutes. Et cette invitée, c'est Valérie Fignon. Bonjour et merci d'être avec nous. Vous publiez le livre "Laurent" en hommage à votre mari, Laurent Fignon, une légende du cyclisme. Cela fait trois ans qu'il est décédé des suites d'un cancer. Vous avez hésite avant de vous lancer dans l'écriture. Mais il y a eu un déclic, 9 mois après la disparition de Laurent.

Valérie Fignon : C'étaient les pages écrites dans un carnet qui m'ont donné envie de le faire pour lui. c'était des choses intimes et je me devais d'écrire ce livre pour lui.

Sophie Le Saint : Le livre s'ouvre sur l'annonce de la maladie. Vous êtes tous les deux sur la route. Le téléphone sonne, c'est le médecin qui apprend à votre mari qu'il est atteint d'un cancer. La conversation n'aura dure que deux minutes.

Valérie Fignon : Tout s'effondre. Laurent est un champion habitué aux choses dures. quand il l'apprend, il reste stoïque Ça a été rapide et violent, deux mots "vous avez un cancer, passez me On l'apprend brutalement à 130 km/h, quand on roule. Les médecins doivent se rendre compte de la brutalité des mots. Apprendre une telle maladie, il faut savoir où il se trouve quand on lui dit.

Sophie Le Saint : Vous dénoncez le comportement de certains médecins.

Valerie Fignon : Des centaines de milliers de personnes sont confrontées à cela tous les jours. J'ai envie de dénoncer certaines choses car on se trouve très seuls. Les médecins ne parlaient pas. Laurent est mort en août et l'hôpital est vide, on est seuls Au mois d'août, tous les médecins sont absents.

Sophie Le Saint : "Le cancer s'est invite dans notre vie. Son nom résonne dans notre tête jour et nuit". Comment vit-on au quotidien cette épreuve.

Valérie Fignon : On vit 24/24h avec le cancer, toujours présent. Quand on arrive a se sauver un peu, le cancer se met en sommeil. Laurent a commenté deux tours de France en mettant son cancer de côté. Mais à chaque fois, le cancer vous rattrape.

Regardons un extrait.

Lorsque j'ai malheureusement appris cette maladie, je vous ai appelé pour vous en parler. Vous m'avez dit "Laurent, on fera comme vous voudrez". Ça m'a touché, ça m'aide et j'étais très heureux. Tout à l'heure, Armstrong a mis un maillot avec "28 millions". Y‘a pas que moi qui a du courage, les 28 millions qui ont cette maladie en ont aussi. J'ai une corde vocale bloquée par un nerf qui ne fonctionne plus. Ça ne me fait pas mal mais ça altère un peu ma voix, je m'efforce de parler grave sinon ça déraille.

Sophie Le Saint : Vous revenez sur la force de cet homme qui s'est battu jusqu'au bout. Il ne se plaignait jamais alors que les traitements étaient très lourds.

Valérie Fignon : Laurent était battant, un champion n'envisage pas la défaite. Jusqu'au bout, il pensait s'en sortir.

Sophie Le Saint : Dans un chapitre, vous vous interrogez sur l'origine de la maladie. Vous évoquez le passé de sportif de Laurent et vous n'éludez pas la question du dopage.

Valérie Fignon: Laurent a tout expliqué au médecin, il a dit ce qu'il avait pris et ils ont rigolé. Pour eux, il n'y avait aucun lien avc le cancer.

Sophie Le Saint: Il y a un passage très fort dans le livre. Quand vous partez aux Etats-Unis pour prendre un autre avis. Vous apprenez que votre mari est condamne. "Good luck" vous dit le professeur qui vous reçoit.

Valerie Fignon : C'est "good luck" ! Le professeur nous annonce qu'il n'y a pas de traitements. On peut bien sûr essayer des choses expérimentales. On repart en France en demandant a quel stade est la maladie. Laurent n'entend pas le stade de la maladie. Stade 4. Le médecin me dit "good luck". J'ai compris qu'il était condamné.

Sophie Le Saint : Comment parvient-on à se reconstruire après une telle épreuve.

Valerie Fignon : C'est difficile, j'ai pleure et j'étais très entourée. C'est difficile de ne pas en parler. Il est présent.

Sophie Le Saint : vous avez reçu des montagnes de courrier.

Valerie Fignon : J'ai reçu des montagnes de courrier, ça l'ai aide car il pensait s'en sortir seul. Il ne lâchait rien. Il voulait gagner tout seul. Quand il a vu ces lettres, ça l'a aidé et porté Ça lui a donné envie d'écrire un livre.

Sophie Le Saint : Merci Valérie Fignon d'avoir été avec nous. Je rappelle que vous publiez "Laurent" aux Editions Grasset. Un livre auquel à participer Michel Cymès qui a analyse le comportement de ses confrères et la relation médecin-patient. C'est la fin de cette édition, merci de l'avoir suivie. Tout de suite la météo. Bon après-midi sur France 2.

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