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Invitée : Karin Viard au cinéma dans "Week-ends"

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Article rédigé par franceinfo
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L. Delahousse : C'est l'heure de retrouver notre invitée du dimanche, une femme libre, drôle, mais pas toujours. Parfois tranchante, sans faux-semblants, elle avance sur ce chemin parfois sinueux du cinéma. Des films, des récompenses et des choix: avec elle, il n'y a pas d'histoires banales, de petites vies. Les Français l'aiment, elle leur parle souvent à travers ses rôles comme dans son dernier film, "Week-ends". Bonsoir Karin Viard, merci d'être avec nous. C'est vrai que les Français vous aiment bien.

K. Viard : Tant mieux! J'espère.

L. Delahousse : Ils ne se trompent pas sur vous.

K. Viard : Je n'ai pas ce regard-là sur moi. Je fais mon travail, j'essaye de faire des choix qui me ressemblent, des films que j'aime voir au cinéma.

L. Delahousse : Les Français vous aiment parce vous leur racontez leur histoire souvent à travers vos personnages. Vous les sublimez même, parfois, ces petites vies.

K. Viard : Pour moi, même la banalité peut receler des pépites. On peut avoir une possibilité très forte, des choses à raconter. Ce qui m'intéresse, c'est de pouvoir débusquer dans la petite histoire une histoire plus universelle dans laquelle on puisse se rejoindre et se reconnaître.

L. Delahousse : Vous préférez toujours jouer les sorcières plutôt que Cendrillon.

K. Viard : Oui, les princesses qui ont tout, bon, je trouve cela super rasoir.

L. Delahousse : Vous avez soutenu les sages-femmes de la maternité des Lilas.

K. Viard : Oui, je les aime bien. Elles combattent au quotidien, elles ont à faire avec la misère, la religion. Ce sont des femmes à qui il faut donner un statut.

L. Delahousse : Finalement, on aurait pu se tromper, se dire uniquement: "Karin Viard, je l'aime bien, elle est rigolote".

K. Viard : On continue à le dire.

L. Delahousse : Oui mais pas seulement.

K. Viard : J'aime faire rire, mais pas à n'importe quel prix non plus. J'aime beaucoup les comédies, je trouve que c'est ce qu'il y a de plus difficile à faire. C'est.

L. Delahousse : ce qui vous a donné envie de faire du cinéma au départ.

K. Viard : Non, c'est jouer des rôles. J'ai une passion pour cela. J'ai été élevée par mes grands-parents, je ne connaissais pas grand-chose. C'était Jean Marais, les films de cape et d'épée. Et mon amie Ingrid m'a emmenée au cinéma, m'a fait connaître tous les cinémas indépendants américains des années 70, Truffaut, Chabrol. J'ai eu l'impression que la vie s'ouvrait.

L. Delahousse : On va justement feuilleter quelques pages de votre histoire.

"On n'a plus un rond, ma pauvre Elisabeth! On devient des clochards! Je ferais bien la pute mais je n'ai même pas de quoi me payer un string! Ne me dis pas que tu ne t'en es pas rendu compte.

Un caractère bien trempé mis au service de ses personnages, une simplicité restée intacte succès après succès. Karin Viard, la star de proximité.

Celle qu'on aurait presque envie d'être si on était actrice.

La joie, la gaîté.

On peut s'identifier à elle. C'est une vraie femme française! Je l'aime beaucoup.

Elle prend plein de risques, plein de films différents. C'est une actrice complète.

Dans son nouveau film, Karin Viard excelle une nouvelle fois avec un rôle de Madame Tout le monde. "Week-ends", ou le bonheur simple de deux couples d'amis au rythme de retrouvailles en Normandie. Jusqu'au jour où tout bascule.

"Jean est parti. Nous aussi, on va te cracher notre colère à la gueule. Vous connaissez le résultat? Je divorce!.

Plus de 50 films à son actif, certains grands publics, d'autres intimistes comme "Haut les coeurs!". Elle y incarne une femme enceinte atteinte d'un cancer.

"Qu'est-ce que je vous fais.

Vous rasez tout.

Vous ne préférez pas.

Non, mais j'aimerais autant pas me voir.

Pour ce rôle dramatique, elle obtient en 2000 le César de la meilleure actrice. Cette année, elle sera à l'affiche de cinq films. Les réalisateurs se l'arrachent car elle continue de remplir les salles.

L. Delahousse : Que nous raconte ce film? Finalement, Anna Villacèque regarde ses émotions au microscope.

K. Viard : Ce qui m'a plu, c'était que le scénario était magnifiquement écrit. On retrouve les personnages uniquement durant les week-ends. Ce qui se passe le reste du temps, on ne le sait pas. Le spectateur est très actif dans ce qu'on lui montre. Il voit deux couples d'amis, qui se connaissent depuis trente ans, et puis le coup de tonnerre. Mon mari me quitte et à partir de là, c'est l'écho que cela peut avoir chez les voisins, les autres personnages, et comment tout tout se fissure.

L. Delahousse : Un film calme, à la campagne, mais sous tension.

K. Viard : Oui, le film commence par une scène où je cherche ma place au supermarché, c'est une métaphore. Cette femme parle, personne ne l'écoute. Elle cherche sa place, elle ne voit pas que son mari est en train de se tirer. Sur ce film-là, c'est le propos qui m'intéresse, son intelligence. L'amour, le désamour, cela m'intéresse. Et si on faisait un état des lieux chez des gens qui vivent ensemble depuis 25 ans? Si on se demandait ce que c'est que l'amour.

L. Delahousse : Qu'avez-vous ressenti en recevant ce César, la première fois.

K. Viard : On ne réalise pas trop, c'est plusieurs semaines après.

L. Delahousse : Cela veut dire quoi, meilleure actrice de l'année? On va décerner les César dans quelques jours. Vous avez voté.

K. Viard : Oui, bien sûr, pour Catherine Deneuve. Pas parce que je trouve que les autres ne le méritaient pas, Sarah Forestier est géniale dans "Suzanne". Mais Catherine Deneuve a ouvert la voie à plein d'actrices et j'avais envie de lui rendre hommage.

L. Delahousse : C'est compliqué parfois entre les actrices.

K. Viard : Pas tellement. C'est un peu une légende. Je préfère souvent les actrices aux acteurs, ils peuvent être plus chichis que les actrices.

L. Delahousse : Vous êtes une hyperactive, depuis toujours.

K. Viard : J'ai beaucoup d'énergie mais je fais les films que j'ai envie de faire. Je ne les fais pas par envie de posséder davantage ou de ne pas me faire oublier.

L. Delahousse : Votre métier a tout balayé, dites-vous. Il a balayé quoi? Vos doutes.

K. Viard : Je ne sais pas. Il y a des gens qui donnent leur vie à leur boulot, c'est mon cas. J'adore infiniment mon travail. J'espère que je pourrai le faire encore très longtemps.

L. Delahousse : On le souhaite! Vous êtes très libre, tellement que dans un film où il y avait une scène de sexe, vos filles sont venues vous voir en vous disant que ce n'était pas possible.

K. Viard : Elles sont venues me voir, elles m'ont dit que ça les embêtait. Je leur ai dit que je les comprenais, mais que cela ne les regardait pas. Quand je suis actrice, je ne suis pas la mère de mes enfants ou la femme de mon mari. Laliberté que je prends à faire mon métier, c'est celle que je leur donnerai quand elles choisiront le leur. Elles ne m'en ont plus jamais reparlé! Et je pense que les hommes et les femmes qui s'expriment sur leur métier, personne ne peut rien leur dire. Je n'aime pas les conventions.

L. Delahousse : On a compris! Merci. C'est la fin de ce journal, tout de suite la météo. Vous retrouverez l'info dès 6h30 dans "Télématin".

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