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Interview avec Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères

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Article rédigé par franceinfo
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Les peshmergas le disent, il n'est pas question pour eux qu'il y ait une offensive qui puisse toucher des civils. En tout cas, les combattants kurdes se préparent a une offensive terrestre inéluctable, mais ils sont mal armés.

Bonsoir Laurent Fabius, merci d'être avec nous. Vous êtes arrivé il y a quelques heures de New York. Vous étiez à l'Onu. Le groupe terroriste Etat islamique oppose une ferme résistance.

L. Fabius : Les choses commencent quand même à évoluer mais ce sera Quand j'étais avec le président de la République sur place à Bagdad, il y a quelques semaines, il y avait une menace sur Bagdad et Maintenant, il s'agit au contraire de repousser Daesh. Comment va-t-on y arriver? Nous nous sommes engagés, les Français avec d'autres, à opérer des frappes aériennes. Ce matin encore, nos avions ont repéré l'ensemble de la zone. On ne peut gagner ce genre de guerre que si les populations locales s'engagent. Cela veut dire les Kurdes et les Irakiens. Pour l'instant, les sunnites étaient plutôt aux côtés de Daesh. Maintenant, c'est en train d'évoluer.

M. Drucker : Donc vous excluez d'envoyer des troupes françaises au.

L. Fabius : Je l'exclue absolument.

M. Drucker : Même si l'on sait qu'il y a des combattants terroristes au coeur des centres villes.

L. Fabius : Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de combats au sol, mais ils doivent être menés par les populations locales.

Le groupe Etat islamique est tout aussi présent en Syrie et les Américains mènent de front maintenant les deux actions. Pourquoi la France ne s'engage-t-elle pas en Syrie.

L. Fabius : Parce que nous nous sommes répartis la tâche. Nous allons nous concentrer en Syrie sur ce que nous faisons déjà depuis assez longtemps, Les Américains vont frapper, nous, nous nous concentrons comme tous les Européens sur l'aspect irakien. En revanche, nous aidons l'opposition modérée. Il faut faire reculer Daesh en Syrie mais il ne faut pas que ce soit Monsieur Bachar al-Assad qui prenne la place. Si on veut l'éviter, il faut que l'opposition modérée soit renforcée.

Il y a eu encore une manifestation d'hommage a Hervé Gourdel. Où en sont l'enquête et la coopération avec les autorités algériennes.

L. Fabius : D'abord, je veux dire à la famille et aux proches qu'il y a eu énormément dé témoignages dé la part dés autres délégations à New York, pour dire qu'ils étaient solidaires de notre combat et qu'ils admiraient beaucoup Hervé Gourdel. Sur la coopération, elle se déroule très bien. Il y a actuellement près de 3.000 hommes algériens qui sont dans les montagnes. L'objectif est clair, retrouver les assassins et le corps.

La carte des pays à risque a été établie par l'Elysée et le Quai d'Orsay. Vous êtes aussi ministre du Tourisme. Que dites-vous aux Français qui craignent de partir en vacances à la Toussaint en Tunisie ou au Maroc.

L. Fabius : C'est fait par un service autonome au Quai d'Orsay. Il y a un centre de crise et sur notre site, il y a des conseils aux Je leur suggère de le consulter. Il y a des couleurs différentes, du vert au rouge. Il ne faut pas non plus tomber dans une espèce de délire. Il y a des destinations multiples où on peut aller sans aucun problème. Pour d'autres, il faut faire très attention. Si on est résident français de là-bas, il faut s'inscrire au consulat. Et si on est touriste, il faut utiliser la procédure Ariane, on clique et on sait où vous êtes. Mais il y a beaucoup de ces régions où on peut aller sans problème.

Le Sénat bascule à droite, avec deux sénateurs FN. C'est un échec terrible pour la gauche.

Christophe Cambadélis disait tout à l'heure que la gauche résistait. Combien de temps.

L. Fabius : Je pense que c'est la réplique de ce que l'on a connu au moment des municipales. Ce sont les élus municipaux qui votent pour le Sénat. A partir du moment où les résultats sont mauvais aux municipales, cela donne les résultats qu'on a vus cet après-midi.

Cela va devenir plus compliqué pour l'exécutif de gouverner.

L. Fabius : Je ne suis pas sûr que le rôle du Sénat, que je respecte, conduise à changer les choses dans la vie quotidienne. Mais cela veut dire que la tâche de réformer qui est nécessaire n'est pas facile à appliquer.

Pour la première fois, il y a deux élus FN! municipales. Cela se traduit, compte tenu du mode d'élection.

Enfin Air France, c'est la fin de 14 jours de grève, des dizaines de millions d'euros de pertes pour la compagnie aérienne. Les pilotes ont obtenu le retrait de Transavia Europe, pas le.

L. Fabius : C'est un conflit termine. Mais le bilan est très mauvais. Pour la compagnie, 280 110.000 touristes qui ont été obligés d'annuler leurs vols. 30.000 voyages d'affaires annulés, avec les conséquences. Et les pilotes maintenant vont reprendre le chemin du travail, mais est-ce que les clients vont reprendre le chemin d'Air France? J'ai vécu tout cela depuis l'étranger, j'entends ce qui se C'est extrêmement négatif pour l'image de la compagnie. Je demande donc aux uns et aux autres de se reprendre. On ne peut pas accepter des conflits de ce type.

Nicolas Sarkozy est de retour en politique, il est en campagne. Il a tenu son 1er meeting jeudi. Vous avez suivi les différentes étapes de son retour.

L. Fabius : Pas vraiment, je dois dire. Je m'occupais de l'Irak, de la Syrie, du terrorisme, d'Ebola. J'ai suivi cela comme tout le monde. Il y a des élections en 2017, on ne va pas être en campagne électorale permanente. Le gouvernement continue à faire ses réformes, et j'espère que la campagne ne va pas s'ouvrir dès maintenant.

Le fait que les Français n'aient plus voulu de Nicolas Sarkozy en 2012 et qu'il revienne à peine deux ans et demi après, comme alternative a droite ce n'est pas encore un signal mauvais pour la majorité.

L. Fabius : Vous ne m'avez pas l'air très optimiste, ce soir! Je ne prends pas les choses ainsi. Il revient, si j'ai bien compris, pour être président de l'UMP. C'est une tâche considérable.

On sent une pointe d'ironie de votre part. Vous avez une carrière politique très longue, vous avez été le plus jeune Premier ministre, vous avez été plusieurs fois ministre. Alain Juppé aussi à des velléités de se présenter pour 2017. Cela ne vous tente pas.

L. Fabius : J'ai beaucoup d'estime pour Alain Juppé, qui est un ami.

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