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"Je me souviens d'un gros livre avec des noms rangés par ordre alphabétique" : en 2020, l'annuaire papier, c'est bien fini

Il n'y aura plus de Pages blanches en 2020. La dernière édition du bottin a été distribuée ces dernières semaine. La version papier des Pages jaunes a, elle, un répit d'un an.

Article rédigé par franceinfo - Justine Leclercq
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Extrait d'un annuaire des Pages blanches des Landes. (DR)

L'annuaire papier va disparaître après 139 ans d'existence. Il avait été créé au XIXe siècle, inspiré par l'Almanach du commerce de Paris du statisticien Sébastien Bottin, d'où le nom générique de bottin. La dernière édition papier des Pages blanches, qui répertorie les numéros de téléphone des particuliers, a été distribuée ces dernières semaines. Quant aux Pages jaunes (pour les professionnels), la version papier disparaîtra fin 2020.  

En 2019, neuf millions d'exemplaires ont été distribués contre 57 millions en 2007. Faute de demandes, seuls 69 départements ont bénéficié des Pages blanches pour la dernière fois. "On va perdre un objet patrimonial, mais il était inévitable qu'il s'arrête", explique Isabelle Lascombe, directrice générale de l’Annuaire imprimé.

La fin d'un modèle économique

Détrôné par internet, le bottin n'est plus qu'un vague souvenir pour certains comme cette jeune fille rencontrée dans les rues de Paris. "J'ai connu ça, mais j'étais très petite, dit-elle. Je me souviens d'un gros livre avec des noms rangés par ordre alphabétique."  

Les professionnels, aujourd'hui, privilégient internet pour faire leur communication, les annuaires étaient donc de moins en moins rentables, explique Isabelle Lascombe. "Néanmoins, en province, cela restait un business qui se tient. Mais avec le souhait des professionnels d'aller de plus en plus vers la création de sites internet, la présence sur les réseaux sociaux et sur les moteurs de recherche, on arrivait vraiment à la fin du modèle économique des annuaires."    

Pas évident de trouver encore des utilisateurs du bottin. Seules les personnes assez âgées déplorent leur fin, confirme Isabelle Lascombe qui reconnaît que "globalement, sur le nombre d'annuaires que l'on distribue, cela représente un pourcentage extrêmement faible". Jean, 92 ans, garde lui précieusement son annuaire : "Je ne l'utilise pas souvent mais je l'ai encore."

Il est dans un placard à ma disposition. Je soulève une bouteille de champagne et je le trouve en-dessous.

Jean, 92 ans

à franceinfo

Marcel se sert également encore de l'annuaire mais surtout des Pages Jaunes. "Je suis d'un âge certain, dit-il. Je n'utilise pas internet et les Pages jaunes me suffisent parfaitement pour trouver des spécialistes en médecine, des bricoleurs, des artisans." Marcel ne consulte plus vraiment les Pages blanches car "ça, c'est un peu démodé", dit-il.  

Mais que les personnes âgées se rassurent, souligne la directrice générale de l'Annuaire imprimé. "Comme on l'indique sur la couverture, les annuaires sont à garder sans limite de temps puisque les numéros de téléphone ne changent pas tous les ans". De plus, il reste d'autres moyens de rechercher l'information : "Vous avez toujours des services de renseignement par téléphone. En dernier recours, cela peut être une solution pour trouver des informations", rappelle Isabelle Lascombe.

Comment les Parisiens réagissent-ils à la fin du bottin ? Reportage de Justine Leclercq.

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