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Harcèlement sur internet : "L’usurpation d'identité est assez courante", pointe l’association e-Enfance

La première chose à faire est de faire cesser la diffusion des messages malveillants en s'adressant à nous, explique la directrice générale de l'association, signaler les messages aux réseaux sociaux et porter plainte avec des captures d'écran des messages.

Article rédigé par franceinfo
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Photo d'illustration. (VANESSA MEYER / MAXPPP)

"L'usurpation d'identité est assez courante", pointe Justine Atlan, la directrice générale d'e-Enfance. Invitée de franceinfo mardi 9 février à l'occasion de la Journée internationale pour un internet plus sûr, elle insiste sur la nécessité, en premier lieu, "de faire cesser la diffusion" des images.

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L'association e-Enfance gère une plateforme d'écoute dédiée aux mineurs victimes de cyber harcèlement, de chantage à la webcam, de photomontages dégradants, de "revenge porn" ou encore d’insultes. D'après elle, les cyber-violences visant les mineurs ont bondi de 57% en 2020.

franceinfo : Les jeunes ont différentes façons de se harceler en ligne. Parmi elles, l’usurpation d’identité. Est-ce fréquent ?

Justine Atlan : L’usurpation d'identité est assez courante. Les jeunes, les jeunes filles entre elles, pas que les garçons, ont souvent l'habitude de créer des profils au nom de quelqu'un qui est déjà sur Internet, ou qui n’y est pas du tout, avec l’idée d’aller l'humilier sur la toile en détournant des images, en faisant passer [leur victime] pour des jeunes filles faciles, avec une vraie malveillance. Donc, non seulement on vous harcèle, mais on le fait aux yeux de tous. C'est diffusé de façon massive et la victime se retrouve complètement enfermée, toute seule, dans une impasse.

Quel est le premier réflexe à adopter pour les victimes ?

Pour les collégiens et les lycéens, le premier réflexe, en tout cas dans un monde idéal, serait d'en parler à leurs parents. Ils ont envie de le faire mais ils ne sont pas forcément en capacité de le faire. Parfois, ils sont sur les réseaux sociaux alors que c'est interdit à la maison. Parfois, ils ont commencé une vie sexuelle et les parents ne sont pas au courant. Parfois, ils ont des questions de genre, d'identité sexuelle, qui ne sont pas forcément tolérées ou admises dans leur famille. Donc, quand ils nous appellent sur notre ligne, on s'occupe d’abord du problème qu'ils vivent sur Internet et très souvent à la fin on leur suggère d’en parler avec leurs parents, pour qu’ils les accompagnent et que ça ne recommence pas.

Faut-il porter plainte ?

Porter plainte permet de retrouver les coupables et éventuellement de les sanctionner s'ils sont reconnus coupables. Mais dans un premier, il faut faire cesser la diffusion [des images].

"La première chose à faire c'est de faire des captures d'écran parce que l'avantage du harcèlement en ligne, c'est qu'on a des preuves."

Justine Atlan, directrice générale d'e-Enfance

à franceinfo

Il faut bloquer les gens qui viennent vous embêter parce que ça ne sert à rien de rester en contact avec eux et il faut le signaler sur les plateformes. Tous les réseaux sociaux ont un lieu de signalement sur lequel on peut dire qu'on est victime d'un certain nombre d'infractions. Et puis il y a notre numéro le 0 800 200 000. On est spécialisé dans la prise en charge des adolescents victimes. On les accueille, on les conseille. Nous avons des accords privilégiés avec tous les réseaux sociaux ce qui nous permet de signaler directement à leur service de modération avec une procédure prioritaire, parce qu'on ne traite que des problèmes de mineurs. On peut faire retirer des contenus dans un délai d’une heure ou deux.

Le gouvernement doit lancer mardi un nouveau site internet, jeprotegemonenfant.gouv.fr. avec des conseils adressés aux adultes, aux parents, pour mieux protéger leurs enfants et notamment contrôler leur accès à la pornographie en ligne. C'est aux parents qu'il faut s'adresser ?

Les enfants ne vont pas spontanément sur les sites pornographiques. Les adolescents, en revanche, sont à un âge où ça commence à les titiller un peu, donc ils vont aller regarder pour savoir surtout ce que c'est que la sexualité.

"Ils ont envie de faire l'amour, ils ont peur aussi donc ils ont besoin d'un mode d'emploi et pour l'instant, il n'y a pas grand-chose d'autre que la pornographie avec tous les dégâts que ça peut avoir sur eux."

Justine Atlan

à franceinfo

Même si c'est une responsabilité collective, il me semble que la première responsabilité revient aux sites pornographiques eux-mêmes. Il y a quand même des règles, des lois, qui les obligent à faire en sorte de n'avoir que des adultes sur leurs sites. C’est à eux de trouver des moyens puisqu’après tout ce sont des spécialistes du numérique, pour que les mineurs puissent moins y avoir accès. Le gouvernement a décidé de faire une plateforme d'information parce que le gouvernement n'a pas réussi à contraindre un certain nombre d'acteurs du numérique à mettre en place un contrôle parental par défaut. Le CSA [Conseil supérieur de l'audiovisuel] doit se prononcer sur ces sites qui continuent de demander du déclaratif mais, pour l'instant effectivement, c'est aux parents de prendre en charge.

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