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Trois questions sur le passage à 280 caractères sur Twitter

En difficulté financière, le réseau social tente de se relancer en doublant la taille limite de ses messages.

Article rédigé par franceinfo
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Plus de dix ans après sa création, Twitter est en proie à des difficultés financières et tente de se renouveler. (THOMAS WHITE / REUTERS)

L'oiseau bleu redéploie ses ailes. Twitter, plus de dix ans après sa naissance, veut innover en doublant la longueur de ses messages. Actuellement limités à 140 caractères, ceux-ci pourraient passer à 280. La nouvelle fonctionnalité n'est pour l'instant réservée qu'à quelques utilisateurs, avant une possible généralisation.

En difficulté financière, le réseau social tente de se relancer. La décision a suscité une avalanche de commentaires, entre scepticisme et enthousiasme.

Pourquoi la limite historique est-elle de 140 caractères ?

En 2006, quatre Américains, Jack Dorsey, Biz Stone, Evan Williams et Noah Glass, fondent le réseau social de ce qui s'appelle à l'époque le "microblogging".

A l'origine, les cofondateurs pensent placer la limite des messages à 160 caractères moins ceux du pseudonyme utilisé. Dans un tweet, Jack Dorsey rappelle : "140, c'était un choix arbitraire fondé sur la limite à 160 caractères des SMS", qui sont encore limités à l'époque.

Le problème : l'un des cofondateurs, Biz Stone, a une lettre de moins que son acolyte Jack Dorsey dans son pseudonyme. Il bénéficie donc d'un caractère de plus à utiliser pour ses messages. Pour éviter cette inégalité, les dirigeants de la tranchent : ce sera 140.

Depuis, ce chiffre est devenu l'icône du réseau social. "Nous savons qu'il peut y avoir un attachement sentimental aux 140 caractères. (...) Mais nous avons essayé (la nouvelle limite) (...) et nous sommes tombés amoureux de cette nouvelle longueur", se justifient les responsables de Twitter sur le blog officiel du réseau social, mardi 26 septembre.

Pourquoi passer à 280 caractères ?

"Tenter de caser vos pensées en un seul tweet – on est tous passés par là –, c’est pénible", explique Twitter sur son blog"Nous voulons que tout le monde, partout dans le monde, puisse s’exprimer facilement."

L'allongement ne s'appliquera pas aux tweets en chinois, en japonais et en coréen. Dans ces langues, on peut transmettre davantage d'informations en un seul caractère qu'en anglais, en espagnol, en portugais ou en français. Selon Twitter, 9% des messages anglophone atteignent 140 caractères contre 0,4% en japonais. Les tweets en anglais ont une moyenne de 34 signes, ceux en japonais de 15. "La limite de caractères est une importante cause de frustration pour les gens qui tweetent en anglais."

Avec ce changement, Twitter tente également de se renouveler. La firme à l'oiseau bleu a perdu 116 millions de dollars au deuxième trimestre 2017 et le nombre d'utilisateurs actifs stagne autour de 330 millions (deux milliards pour Facebook). Dès l'annonce, les marchés ont réagi : mercredi 27 septembre à 0h30, le titre avait progressé de 1,27%, atteignant 16,80 dollars. Bien loin des 64 dollars atteints fin 2013, peu après son entrée en bourse. Depuis le début de l'année, l'action Twitter n'a progressé que de 1,8% alors que Facebook a vu son titre bondir de 42,7% sur la même période indique Reuters.

Qu'en disent les utilisateurs ?

Les spécialistes n'analysent pas ce changement de manière optimiste. "Plus ils allongent (la longueur des tweets), plus ils commencent à ressembler à Facebook, estime Rob Enderle, consultant technologie. Et s'ils commencent à ressembler à Facebook, alors Facebook va les sortir du jeu."

Pour Brian Blau, du cabinet Gartner, c'est déjà trop tard : à l'heure de la réalité virtuelle et des assistants vocaux, les tweets sont dépassés. "Twitter se débat pour se redresser pendant que tout le monde va dans d'autres directions", juge-t-il.

Chez les internautes, on réagit parfois de manière sérieuse, certains dénonçant le fait que Twitter ne se préoccupe pas de l'impunité de tweets incitant à la violence ou à la haine : "Juste un rappel amical, Jack Dorsey et son entreprise tolèrent que des nazis et des misogynes harcèlent des gens ici pendant que j'ai droit à 280 caractères pour poster ce message sans fin", poste une utilisatrice.

La NSA, l'agence gouvernementale du renseignement, ironise sur le fait qu'elle va avoir "besoin d'un plus grand centre de traitement des données".

Plein de second degré, James Poniewozik, journaliste au New York Times, mentionne les threads, ces autoréponses aux tweets qui permettent de contourner la brièveté des messages pour allonger son propos : "La limite de 280 caractères est une idée horrible. La beauté de Twitter c'est d'être forcé d'exprimer ces idées de manière concise (1/47)".

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