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Des internautes se mobilisent pour la mère d'un enfant autiste insultée sur Facebook

Elodie a reçu des messages haineux sur le réseau social. Des e-mails qu'elle a décidé de partager, faute de pouvoir porter plainte.

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Capture d'écran de la page Facebook créée en janvier 2016 par la maman d'un enfant autiste insultée sur le réseau social. (FACEBOOK / FRANCETV INFO)

Il place les lettres de l'alphabet une à une, avec précision. Mathis, 3 ans et demi, est autiste et Elodie, sa maman, a posté une vidéo de lui sur Facebook, sur une page intitulée "Pour que Mathis ait droit au même respect que les autres enfants". Elle l'a créée mi-janvier, "sur les conseils d'une amie", pour réagir aux insultes dont elle a été victime sur le même réseau social.

Fin décembre, cette mère de quatre enfants, qui habite un petit village dans l'Aude, a reçu un message provenant d'une certaine Sandrine : "Bonjour, écrit-elle, je voulais vous dire que vous êtes sans honte de vous afficher comme ça avec votre fils Mathis. Vous devriez avoir honte de l'avoir mis au monde car il n'est pas normal, comment osez-vous le mettre à l'école normale ? Il n'est même pas propre." 

Ni le maire, ni la gendarmerie ne réagissent

Elodie, qui tombe de sa chaise, tente de répondre à l'auteure de ce message, mais n'y parvient pas. "Elle avait dû me bloquer ou supprimer sa page Facebook", raconte-t-elle à francetv info. Elle informe tout de suite le directeur de l'école maternelle où Mathis passe seulement deux heures par semaine, faute d'assistante de vie scolaire. "Il a pensé à une histoire de jalousie de la part d'une mère d'élève, car mon fils a été accueilli alors qu'il n'est pas encore propre, contrairement aux autres élèves", indique sa mère.

C'est très isolé comme remarque car la majorité des personnes ont un regard bienveillant sur Mathis. Les enfants handicapés ont toute leur place à l'école.

Le directeur de l'école où est scolarisé Mathis

à francetv info

Début janvier, nouvel e-mail : "Je vous ai déjà envoyé un message pour vous avertir que votre fils Mathis n'a pas sa place à l'école normale. Je ne vous avertirai pas plusieurs fois." Elodie retourne voir le directeur d'école qui, au vu du caractère plus menaçant du contenu, lui conseille de porter plainte. Mais à la gendarmerie la plus proche, on lui rétorque que sa plainte n'est pas recevable, "car le message ne contient pas de menaces de mort". L'injure, même dans un cadre privé, est pourtant punie par la loi. Contactée par francetv info, la gendarmerie refuse de communiquer.

"J'ai reçu plus de 200 messages en une heure"

Une semaine plus tard, un troisième message haineux est adressé à Elodie via Facebook : "Heureusement qu'il n'est pas sur les photos d'école car ça gâcherait tout." La coupe est pleine. "J'ai pris rendez-vous avec le maire du village", raconte la maman de Mathis. L'édile, qui n'a pas donné suite aux sollicitations de francetv info, lui conseille de supprimer sa page Facebook.

Elodie fait le contraire. Elle partage les courriels reçus sur son profil, qui sont vite relayés par d'autres internautes, notamment Pascale Comte, présidente de l'association Ninoo, qui soutient les enfants autistes et leur famille. 

La page Facebook, créée dans la foulée, est partagée plus de 5 000 fois. "Vendredi 22 janvier, j'ai reçu plus de 200 messages en une heure", réagit Elodie. "J'ai pu constater que beaucoup de personnes étaient dans ma situation. Une maman m'a dit qu'elle avait été menacée par ses voisins." 

Le difficile regard des autres

Depuis que l'autisme de Mathis a été diagnostiqué en juillet 2015, le plus dur reste "le regard des autres", dit-elle. "Rien ne me gêne chez mon fils, il est comme il est. On ne va pas le mettre de côté et l'enfermer", lâche Elodie, qui confie qu'elle et son compagnon ont tout de même arrêté d'aller faire les courses avec leurs enfants. "Certains prenaient ses crises de panique pour une mauvaise éducation", explique-t-elle.

Malgré les messages de soutien sur internet, Elodie et son conjoint ont été blessés par cet épisode. "On fait le maximum pour notre fils, on essaie d'avancer, de garder la tête haute. Alors quand on reçoit des commentaires comme ça, ça fait plus que mal", glisse Elodie. En espérant que les messages anonymes ne reprennent pas.

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