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Placer une sonde dans un volcan pour observer son activité sera bientôt possible grâce à un diamant artificiel

C'est le carbure de silicium. Une équipe britannique a travaillé sur ce matériau semi-conducteur et plus stable que le silicium classique utilisé dans 95% des appareils électroniques.Créer un tel dispositif est une avancée importante car jusqu'à maintenant la surveillance des volcans se fait indirectement et à distance avec des spectromètres.
Article rédigé par Louis San
France Télévisions
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La température et l'acidité extrême au sein d'un volcan empêchent l'utilisation directe d'appareils électroniques (AFP PHOTO)

C'est le carbure de silicium. Une équipe britannique a travaillé sur ce matériau semi-conducteur et plus stable que le silicium classique utilisé dans 95% des appareils électroniques.

Créer un tel dispositif est une avancée importante car jusqu'à maintenant la surveillance des volcans se fait indirectement et à distance avec des spectromètres.

L'équipe du Dr Alton Horsfall et du Pr Nick Wright a déjà mis au point les composants électroniques nécessaires et se penche actuellement sur un détecteur qui sera de la taille d'un téléphone portable. Un prototype est d'ailleurs présenté lundi dans la revue spécialisée The Engineer.

"Nous avons encore du travail à accomplir mais grâce à la technologie basée sur le carbure de silicium, nous espérons développer un système de communication sans fil qui puisse recueillir précisément les données chimiques dans les profondeurs mêmes du volcan" et en temps réel, indique le Dr Horsfall.

La surveillance de l'activité d'un volcan repose notamment sur la mesure de certains gaz qu'il émet (dioxyde de carbone et dioxyde de soufre) dont la concentration permet de prédire une éruption. Mais jusqu'à maintenant la température et l'acidité à la sortie des cratères sont telles que ces mesures sont effectuées à distance.

Le carbure de silicium résiste à des températeures proches de 1000 degrés
Le silicium classique n'est en effet plus opérationnel au-delà d'une température de 175 degrés Celsius et résiste mal aux milieux acides, ce qui limite son usage dans de telles conditions.

"Actuellement, nous n'avons aucun moyen de surveiller avec précision la situation au sein d'un volcan, et en réalité la plupart des données sont collectées après l'éruption. C'est gênant quand on estime qu'environ 500 millions de personnes vivent dans des zones directement menacées par un volcan", souligne le Dr Horsfall.

Cela devrait changer avec le carbure de silicium qui, lui, supporte des températures proches de 1.000 degrés.

Des propriétés telles qu'elles pourraient également servir dans d'autres situations extrêmes: l'exploration de la surface de Mars ou d'autres planètes à l'environnement hostile, l'observation directe des réacteurs d'avions ou encore la détection des radiations dans les centrales nucléaires.

Proche du diamant par son éclat et sa dureté, il a des applications industrielles (abrasif, isolant électrique, etc.) mais est aussi utilisé en joaillerie. Extrêmement rare à l'état naturel, il est maintenant produit artificiellement.

Un matériau identifié par un Prix Nobel de chimie français

Le carbure de silicium a été identifié au début du XXe siècle par le Prix Nobel de chimie Henri Moissan, et il est aussi appelé en son honneur "moissanite" quand il se présente sous forme de cristal.

Ce pharmacien français avait à l'époque trouvé le carbure de silicium dans des météorites mais ce matériau est aujourd'hui produit artificiellement.

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