Pourquoi Google mise gros sur les robots
Le géant américain a confirmé, lundi, avoir racheté Boston Dynamics, un groupe spécialisé dans le développement de robots pour l'armée. C'est la huitième acquisition du groupe dans le domaine de la robotique en quelques mois.
Après internet et la téléphonie, Google se lance dans les robots. Le groupe américain a confirmé, lundi 16 décembre, avoir racheté Boston Dynamics, un groupe spécialisé dans le développement de robots. En l'espace de six mois, le géant de Montain View a mis la main sur huit groupes robotiques. Francetv info détaille les raisons de cet intérêt.
La technologie commence à être au point
Les robots humanoïdes ne sont plus de la science-fiction. Mais l'anecdotique, comme ce robot chinois commis de cuisine mono-tâche, côtoie le meilleur, à l'image du français Nao qui a serré la main de François Hollande.
Acteurs privés ou étatiques, on se bouscule pour investir dans ce secteur en plein essor. "Nous considérons la robotique comme la prochaine frontière de la révolution technologique", a déclaré Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, en mars, lorsqu'il a annoncé un plan de 100 millions d'euros pour la robotique en France. Les chercheurs hexagonaux sont à la pointe dans ce domaine. Par exemple, une équipe a développé iCub, un automate qui a appris à parler comme les humains. Il est capable d'analyser seul son environnement et de formuler ses propres phrases.
Mais l'essentiel reste à faire. "Je vois la robotique comme une terre vierge", a déclaré Andy Rubin, qui a révélé, début décembre, être à la tête de la division robot de Google au New York Times (en anglais).
Google maîtrise l'intelligence artificielle
Le développement de cette discipline est indispensable au fonctionnement des robots. Et cela fait quelques années que le groupe américain l'a investie. "Les travaux de Google sur l'intelligence artificielle visuelle, audio et la reconnaissance de texte peuvent être une aide précieuse pour créer des robots intelligents et flexibles", estime Anthony Mullen, analyste chez Forrester, auprès du Nouvel Observateur.
Pour parfaire ses recherches dans ce domaine, Google a recruté, en décembre 2012, Raymond Kurzweil. Cet expert en intelligence artificielle est l'un des "papes" du transhumanisme. Autrement dit, il promeut l'usage des sciences et des techniques pour améliorer les performances physiques et mentales de l'être humain, comme l'explique le documentaire Un monde sans humains ?, diffusé sur Arte en 2012. Raymond Kurzweil est chargé de transformer le moteur de recherche de Google en intelligence artificielle, a raconté Le Monde, en avril.
Le géant américain a déjà développé des services qui seront utiles à ses nouvelles activités. "Les robots, comme les smartphones, nécessitent des données et des renseignements afin de bien fonctionner. Et Google gère très bien les données et les algorithmes", explique Anthony Mullen. Ce n'est pas un hasard si celui qui dirige le service robotique du groupe est celui qui a créé Android, le système d'exploitation de Google pour smartphones. "Nous construisons le matériel, nous développons le logiciel et une seule équipe sera en mesure de comprendre l'ensemble", avance-t-il.
Il y a déjà un important marché militaire
L'armée est souvent bénéficiaire des technologies de pointe. Boston Dynamics, la dernière acquisition de Google, a l'habitude de travailler avec l'Agence gouvernementale américaine des programmes de recherche avancée de défense (DARPA). Fondée en 1992, l'entreprise basée dans le Massachusetts a réalisé le WildCat ("chat sauvage"), un quadripède qui cavale jusqu'à 46 km/h. C'est-à-dire plus vite que l'athlète jamaïcain Usain Bolt, selon la société.
Ce robot, comme d'autres, a été développé par l'entreprise en partenariat avec la DARPA. L'objectif est de créer des robots animaux capables d'assister les soldats sur le terrain. Ils ont déjà mis au point un chien capable d'évoluer sur un terrain escarpé.
En France aussi, l'armée est la première bénéficiaire du développement robotique. L'exosquelette français prénommé "Hercule" a été développé avec le ministère de la Défense. Cet équipement, qui fait ressembler son porteur à Robocop, permet de multiplier la force d'un humain par 20 et, par exemple, de soulever une charge de 100 kilos sans effort.
Il y a un énorme marché civil à venir
Les avancées relatives au développement des exosquelettes toucheront d'autres secteurs. "Hercule" aura "des applications dans le secteur médical, le BTP, la sécurité, la logistique...", assure le ministère de la Défense. Les robots aident déjà les vignerons ou les chirurgiens lors d'opérations complexes, indique le magazine L'Usine Nouvelle. France 2 a rencontré le Français qui a créé "Rosa", un robot destiné à assister les neurochirurgiens.
C'est que la population est vieillissante dans les pays les plus développés. Le développement des robots est donc important, à terme, pour seconder les personnes âgées au quotidien, un peu comme dans la série suédoise Real Humans. D'après un rapport sur le "développement industriel futur de la robotique", le marché de la robotique pour les personnes dépendantes devrait peser 1 à 2,5 milliards d'euros, à l'échelle mondiale, d'ici 2018. Et les perspectives sont vertigineuses lorsque l'on sait qu'entre 2000 et 2050, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus devrait passer de 605 millions à deux milliards.
Fort de ces prévisions, Google peut être confiant. Dans une publication sur le réseau social Google+ (en anglais), Larry Page, PDG du groupe, a partagé son excitation à propos du département robotique. "Je suis enthousiaste, déclare-t-il. (...) Android a commencé avec une idée folle, celle de mettre un ordinateur dans des centaines de millions de poches. Il est encore très tôt pour cela, mais je suis impatient de voir les progrès dans le domaine."
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