Apple : cinq questions sur le retrait temporaire de l'iPhone 12 du marché

Le smartphone, sorti en 2020, a été contrôlé à un niveau d'émission d'ondes supérieur aux normes européennes. La marque américaine a 15 jours pour se mettre en conformité.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un iPhone 12 photographié à Tokyo, au Japon, le 6 juin 2021. (STANISLAV KOGIKU / AFP)

Double actualité pour Apple. Mais le géant américain se serait bien passé de l'une d'elles. Alors que la marque à la pomme a présenté ses nouveautés, mardi 12 septembre, dont le très attendu iPhone 15 qui comportera le port de chargement USB-C imposé par l'Union européenne, la marque a vu le même jour un de ses anciens produits, l'iPhone 12, interdit temporairement sur le marché français. La raison ? Des tests effectués par l'Agence nationale des fréquences (ANFR) ont démontré que les ondes électromagnétiques émises par cet appareil dépassent les seuils admis par la réglementation européenne. Franceinfo revient sur cette polémique qui met Apple dans l'embarras.

1Pourquoi l'iPhone 12 est interdit ?

Dans un communiqué, l'ANFR explique avoir récemment contrôlé les "débits d'absorption spécifique (DAS) pour 141 téléphones, dont l'iPhone 12". "Le DAS permet de quantifier l'énergie transportée par les ondes électromagnétiques et absorbée par le corps humain", poursuit le communiqué. Ces DAS doivent respecter les valeurs limites réglementaires de 4 W/kg pour le DAS "membre" (quand le téléphone est dans la main de l'utilisateur ou dans une poche de pantalon), et de 2 W/kg pour le DAS "tronc" (quand il est dans une poche de veste ou dans un sac).

Or, les mesures faites par l'ANFR ont révélé que le DAS "membre" de l'iPhone 12 "a été contrôlé à 5,7 W/kg", a fait savoir Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé du Numérique, interrogé sur franceinfo. Les contrôles de ces ondes électromagnétiques ne se font pas a priori, mais au moment de la commercialisation. "Les niveaux d'énergie transportés par les ondes électromagnétiques, dont il est question, peuvent varier en fonction des mises à jour logicielles", a expliqué le ministre. D'après lui, c'est "sans doute" pour cette raison que l'iPhone 12 "s'est retrouvé légèrement supérieur à la norme", trois ans après sa commercialisation.

2Est-ce dangereux pour la santé ?

La norme de 4 W/kg pour le DAS "membre" est une norme européenne, "fixée par principe de précaution", selon Jean-Noël Barrot, et basée sur des recommandations émises par une ONG, la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP). L'appareil est donc "très légèrement au-dessus du seuil", a observé le ministre. 

"Le seuil fixé au niveau européen est fixé à un niveau dix fois inférieur à celui auquel les études scientifiques estiment qu'il peut y avoir des conséquences pour les utilisateurs."

Jean-Noël Barrot, ministre du Numérique

à franceinfo

De nombreuses recherches ont mesuré les liens entre les ondes électromagnétiques et différentes pathologies comme les cancers, l'infertilité ou des maladies neurodégénératives comme Alzheimer, sans qu'aucun ne soit confirmé, comme l'écrit l' Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). "Rien n'indique pour l'instant que l'exposition à des champs électromagnétiques de faible intensité soit dangereuse pour la santé humaine", a confirmé l' Organisation mondiale de la santé.

Toutefois, un effet a été établi : à fortes doses, ces ondes peuvent augmenter la température corporelle, soit de l'ensemble de l'organisme, soit des membres en contact avec l'appareil. Mais là encore, pas trop de danger avec le niveau atteint par l'iPhone 12, puisque l'ICNIRP estime qu'il faut que les membres humains absorbent au moins 40 W/kg pour aboutir à une hausse de la température qui soit néfaste à la santé.

3Que faire quand on a un iPhone 12 ?

Jean-Noël Barrot a estimé que les propriétaires d'iPhone 12 "peuvent toujours s'en servir" et qu'une "simple mise à jour logicielle permettra de les remettre en conformité". Pas besoin de se rendre dans un AppleStore, tout se fera à distance, a affirmé le ministre chargé du Numérique. La firme américaine a 15 jours pour se mettre en règle.

4Quelle est la réaction d'Apple ?

Une fois l'interdiction proclamée, Apple a assuré que son appareil était certifié comme conforme aux standards définis dans le monde par de nombreuses organisations internationales. Le géant américain a assuré avoir fourni à l'Agence nationale des fréquences des résultats d'études indépendantes menées en laboratoire par des tiers pour prouver que ses appareils respectaient les normes. La marque prévoit de contester les conclusions de l'ANFR.

Le ministre Jean-Noël Barrot, qui a "eu un échange avec Apple", a avancé dans Le Parisien qu'il avait "confiance dans le sens des responsabilités de l'entreprise pour se conformer à nos règles. Ma mission est de les faire respecter". "Si elle ne le faisait pas, je suis prêt à ordonner le rappel des iPhone 12 en circulation. La règle est la même pour tout le monde, y compris pour les géants du numérique", a-t-il prévenu.

5Est-ce une première ?

Pour le moment, seul l'iPhone 12 est concerné par cette interdiction temporaire. Aucun problème n'a été relevé sur les autres modèles de la marque Apple. Sur franceinfo, Jean-Noël Barrot a assuré que "par le passé, l'ANFR, à 46 reprises, a pris des décisions de retrait, de commercialisation provisoire sur des téléphones portables" de marques différentes. Cela a été "réglé par une mise à jour logicielle, opérée par les constructeurs". Dans Le Parisien, le ministre chargé du Numérique a précisé que sur cette quarantaine de cas, six ont été jusqu'au retrait du téléphone portable du territoire national. D'après lui, "c'est notamment le cas du téléphone Hapi 30 d'Orange en 2017 ou du Clap 20+ de Essentiel B en 2022".

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