Cet article date de plus d'un an.

Reportage Des "injonctions" venues de "gens qui n'ont jamais mis les pieds dans une salle de classe" : à la pré-rentrée, ces professeurs qui ne veulent pas du Pacte enseignant

Si la rentrée scolaire ne démarre que lundi 4 septembre, les professeurs et instituteurs ont déjà fait leur pré-rentrée vendredi 1er septembre. L'occasion de préparer l'accueil des élèves, et de discuter certaines nouveautés. Reportage au collège Henri-Matisse, à Choisy-le-Roi, dans le Val-de-Marne.
Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les professeurs du collège Henri-Matisse, à Choisy-le-Roi, dans le Val-de-Marne, ont fait leur pré-rentrée vednredi 1er septembre. (NOÉMIE BONNIN / RADIO FRANCE)

C’est le retour en classe, pour les 800 000 enseignants, partout en France ce vendredi 1er septembre. Jour de pré-rentrée officielle, avant le retour des élèves lundi. Si tous se sont déjà replongés dans leur cours ces derniers jours, là, ils sont dans leur établissement. L’occasion de faire le point sur les effectifs, les projets de rentrée, les nouveautés. Et si la pré-rentrée sert à réaliser les derniers ajustements, c'est avant tout une journée de retrouvailles.

>> REPORTAGE. "Le traumatisme est là, mais il faut y aller" : le "beau défi" de la rentrée des classes à la Verrière, où deux écoles avaient été incendiées lors des émeutes

Toute l'équipe de ce collège d'éducation prioritaire, qui accueille 500 élèves, s'est retrouvée à 9 heures avec le sourire, autour de cafés et de croissants. On sent une sorte d'effervescence. "On est contents de se retrouver, on est resté très enfants en fait, avoue Marie-Cécile Ancher-Lieber, la principale du collège. C'est-à-dire que la rentrée, c'est très marqué symboliquement. On aime nos élèves. Du coup, on est contents de rentrer pour les accueillir."

Pas de temps pour travailler plus

Parmi les nouveautés de l'année, il y a les cours de soutien pour les sixièmes en mathématiques et français, réalisés ici par les professeurs des écoles environnantes, explique la principale. "Les professeurs des écoles vont entrer dans notre structure. C'est un changement, ce n’est pas une révolution. Moi, je trouve ça génial parce qu'au moins il y a une continuité. Je pense que ça peut vraiment aider nos petits."

Mais le sujet sensible de cette rentrée, c'est le Pacte enseignant, ce nouveau dispositif du ministère de l'Education nationale. Les enseignants peuvent, s'ils le souhaitent, s'engager à faire des heures supplémentaires en échange d'une prime annuelle. Au niveau national, une partie des professeurs y est opposée. Ici, dans le collège, il n'y a qu'un seul volontaire sur une quarantaine de non. Hugo Détrés enseigne la physique chimie. 

"Cette année, je n'aurai pas le temps de faire un Pacte raisonnablement."

Hugo Détrés

à franceinfo

"Moi, j'aurais du mal. Je suis enseignant depuis l'année dernière, simplement, Il me manque encore plein de choses. Je suis trop en flux tendu pour l'instant encore. Je n'ai pas le temps de revenir suffisamment.

"C'est insupportable"

Des plus jeunes aux plus âgés on s'oppose au Pacte, au collège Henri-Matisse. Sylvie Busset-Esmaeelipour enseigne les lettres classiques et est à deux ans de la retraite. L'enseignante fait plusieurs voyages et sorties scolaires. Du travail en plus de ses heures de cours, loin d'être toujours rémunérée. Le Pacte, selon elle, va fragiliser son statut et cette professionnelle passionnée ne supporte pas l'aspect directif du ministère. "Toutes les injonctions qui viennent du ministère, par des gens qui n'ont jamais mis les pieds dans une salle de classe, c'est insupportable à long terme, parce que c'est toujours du plus, plus, plus. À croire que ces gens-là ne se rendent pas compte du travail de terrain."

D'autant que plusieurs missions comprises dans ce pacte se font déjà ici depuis plusieurs années, comme l'auto-remplacement quand un collègue est absent ou encore l'aide aux devoirs. 

Rentrée des professeurs au collège Henri-Matisse de Choisy-le-Roi : reportage de Noémie Bonnin

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.