: Vidéo Poubelles à Marseille : pourquoi les ramasser coûte si cher
A Marseille, il y a la carte postale... et puis il y a le dossier poubelles. La propreté des rues coûte ici sept fois plus cher que la moyenne nationale ! La Cour des comptes a mis son nez dans les ordures et nous aussi. Autant le dire tout de suite : ça ne sent pas très bon...
A Marseille, selon la Cour des comptes, nettoyer 1 kilomètre de rue coûte en moyenne 91 767 euros par an : contre environ 13 000 € dans le reste de la France.
Bref, ça coûte cher... Pourtant, quand on interroge certains Marseillais, ils ne font pas dans la nuance. “C'est dégueulasse, déplore un habitant. Les éboueurs passent une fois tous les deux jours. La rue est pleine de merde !”. “Même nous, on a une part de responsabilité. On fait pas attention, on jette…”, admet ce Marseillais.
Si le ramassage des poubelles coûte plus cher ici, c’est en partie parce que les éboueurs ont plus de travail qu’ailleurs. Dans son rapport, la chambre régionale des comptes (CRC) reproche à la métropole marseillaise une “insuffisance de la répression” contre ceux qui déposent leurs ordures n’importe où.
Elle pointe aussi le “développement limité du tri sélectif” et un manque de déchetteries. “Ça fait un volume plus important de déchets à collecter, pour un prix mécaniquement plus important”, explique Louis Vallernaud, le président de la CRC.
Un appel d'offres à 315 millions
Ce qui alourdit l’addition, c’est aussi un appel d’offres, lancé l’an dernier par la métropole. Objectif : choisir les entreprises privées qui ramasseront les poubelles dans certains quartiers. L’un des critères privilégiés : les “moyens humains”. En clair : plus l’entreprise promet d’éboueurs, plus elle a de chances de gagner !
Facture pour la métropole : plus de 315 millions d’euros sur 6 ans. D’après la Cour des comptes, c’est “largement supérieur à ce qui est pratiqué sur des marchés similaires conclus par d’autres collectivités."
La métropole assume. “Nous avons fait un choix : le prix n’était pas le facteur prédominant, confirme Monique Cordier, vice-présidente de l'Agglo chargée de la propreté. On veut préserver l’emploi et essayer de prévenir tout conflit social.” Traduction : plus d’embauches, c’est moins de risques de grève...
Des effectifs gonflés pour gagner le marché ?
Mais combien y’a-t-il vraiment d’éboueurs dans les rues ? C’est l’entreprise Derichebourg qui a remporté l’appel d’offres dans 3 quartiers de Marseille : les 2e, 15e et 16e arrondissements de la ville. Grâce à un atout de poids : elle promettait d’employer en tout 301 personnes, plus que ses 4 concurrents.
Or, la Cour des comptes… a fait les comptes : les éboueurs de Derichebourg ne seraient en fait que 267, soit 11 de moins qu’une entreprise concurrente.
Contactée, la société dément avoir gonflé ses effectifs pour remporter le marché et assure : “Derichebourg n’a pas pris d’engagements qu’elle n’était pas capable d’assumer.”
La métropole affirme au contraire qu’elle a déjà adressé plusieurs pénalités financières à Derichebourg pour manque d’effectifs. Bref, à Marseille ce n’est toujours pas poubelle la vie !
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