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"Pour Fillon, 'quoi qu'il arrive' veut dire 'même si Sarkozy revient'"

A quoi joue François Fillon ? L'ancien Premier ministre a assuré qu'il serait candidat àl a primaire UMP pour la présidentielle de 2017, "quoi qu'il arrive". L'analyse de Claude Posternak, expert en communication.

Article rédigé par Simon Gourmellet - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
François Fillon à Tokyo (Japon), le 9 mai 2013. (YOSHIKAZU TSUNO / AFP)

La déclaration de François Fillon a surpris tout le monde. "Je serai candidat quoi qu'il arrive" à la présidentielle de 2017, a lâché l'ancien Premier ministre jeudi 9 mai, devant quelques journalistes dans un hôtel de Tokyo, au cours d'un déplacement au Japon. Face aux répercussions de cette sortie, il a rapidement nuancé ses propos, précisant sur Twitter qu'il renouvelait "son intention d'être candidat aux primaires de 2016 actées par l'UMP". Stratégie de communication, ou  message destiné à ses adversaires potentiels à l'investiture, francetv info a interrogé Claude Posternak, un expert en communication, architecte de la campagne "le changement" pour le Parti socialiste. 

Francetv info : S'agit-il d'une erreur de communication de Fillon ou d'une stratégie ? 

Claude Posternak : Cela ressemble davantage à une maladresse. Si c'était une déclaration de candidature à l'élection présidentielle, elle manque de solennité et de préparation. Je ne pense pas que ce soit le meilleur lieu, ni le meilleur moment, pour cela. Cette sortie reflète davantage son agacement à devoir sans cesse préciser sa position. C'est aussi un bon moyen d'envoyer un message à ses concurrents.

De quel message s'agit-il ? 

"Quoi qu'il arrive", veut dire "même si Nicolas Sarkozy revient". Il affiche ainsi sa détermination à être candidat [aux primaires de l'UMP] pour la prochaine élection présidentielle, et affirme qu'il ne s'effacera pas si Nicolas Sarkozy décide de se présenter. Une manière de répondre également à Henri Guaino, qui estime que si l'ancien chef de l'Etat revient "il n'y aura pas de primaires [ou elles seront] une pure formalité". 

Francois Fillon cherche également à casser le rapport Président-Premier ministre qui reste encore aujourd'hui bien présent dans l'esprit des Français, pour se placer d'égal à égal avec l'ancien chef de l'Etat.

Son principal adversaire n'est plus Jean-François Copé ? 

Le président de l'UMP n'a pas renoncé, mais semble en difficulté en ce moment. François Fillon est en meilleure posture, il a été plus discret lors du débat sur le mariage pour tous, à la différence de Jean-François Copé qui semble avoir perdu en crédibilité pour rassembler la droite en vue de 2017. Il semble vouloir passer son tour et pourrait se rallier à Nicolas Sarkozy.

Même si l'ancien chef de l'Etat semble le meilleur candidat selon les sympathisants UMP, les Français y sont beaucoup moins favorables. François Fillon représente, aujourd'hui, le candidat le plus sérieux pour affronter la gauche.

En cas de défaite aux primaires, François Fillon se présentera-t-il malgré tout ? 

Je ne crois pas. S'il n'est pas désigné, il se soumettra. On ne peut pas réclamer à cor et à cri l'organisation de primaires pour finalement passer outre si le résultat n'est pas en sa faveur. Mais, attention, l'aventure de ceux qui déclarent "quoi qu'il arrive", se termine souvent plus tôt que prévu.

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