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Plusieurs cérémonies ont marqué dimanche la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation

"Nous n'avons pas le droit d'oublier" car "tout peut basculer en un seul instant", 'il n'existe pas de vaccin contre la barbarie humaine" a déclaré le secrétaire d'Etat à la Défense, Hubert Falco, lors de ces cérémonies qui coïncide avec le 65e anniversaire de la libération des camps de concentration.
Article rédigé par France2.fr
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Gilles Bernheim,grand rabbin de France, dépose une gerbe devant la stèle aux déportés, à Vichy, le 25/04/2010 (AFP/Thierry Zoccolan)

"Nous n'avons pas le droit d'oublier" car "tout peut basculer en un seul instant", 'il n'existe pas de vaccin contre la barbarie humaine" a déclaré le secrétaire d'Etat à la Défense, Hubert Falco, lors de ces cérémonies qui coïncide avec le 65e anniversaire de la libération des camps de concentration.

Autre fait notable du jour, Gilles Bernheim est le premier grand rabbin de France à s'être rendu à Vichy pour la journée de commémoration.

Il a rendu hommage aux déportés et aux Justes en déposant une gerbe devant l'hôtel du Parc, qui fut le siège du régime collaborationniste du maréchal Pétain.

La stèle devant l'hôtel du Parc rappelle que, le 26 août 1942, le gouvernement de l'Etat français installé dans cet hôtel a décidé une rafle lors de laquelle 6.500 juifs étrangers ont été arrêtés en zone libre.

"En cet instant de recueillement et de souvenir, je veux faire avec vous le choix de l'espoir", a poursuivi M. Bernheim devant près de 200 personnes. "Je veux me souvenir de toutes les familles juives traquées mais soustraites aux recherches impitoyables de l'occupant et de la milice grâce à l'action simple héroïque et fraternelle de nombreuses familles françaises".

Il a ensuite déposé une gerbe de fleurs blanches et bleues "à la mémoire des déportés juifs de Vichy", avant d'être imité par les élus locaux.

L'ancien hôtel du Parc, aujourd'hui transformé en appartements, a abrité de 1940 à 1944 la résidence et les bureaux du Maréchal Pétain ainsi que ceux de plusieurs responsables de son gouvernement.

"C'est une visite extrêmement symbolique", s'est réjoui le maire de Vichy, Claude Malhuret (UMP), soulignant que sa ville, si elle a hébergé le régime collaborationniste, a aussi accueilli une communauté juive de longue date. La synagogue de Vichy, où le grand rabbin s'est rendu après la cérémonie, est d'ailleurs la plus ancienne et actuellement la seule en Auvergne.

Au début de sa visite, Gilles Bernheim s'est recueilli devant une maison 5, impasse Mombrun où sa belle-mère a été cachée entre 1939 et 1945 avec quinze autres membres de sa famille dans un appartement de trois pièces.

"La mère de mon épouse doit sa vie, et la famille qu'elle a pu constituer après la guerre, pour mon plus grand bonheur, au fait qu'elle a été cachée ici pendant la guerre" alors qu'elle était adolescente, a expliqué Gilles Bernheim. "C'est un moment très émouvant pour moi", a ajouté le grand rabbin.

Il a ensuite donné une conférence devant plusieurs centaines de personnes sur "être juif et français", soulignant que "la communauté juive de France sait que sa meilleure protection est son enracinement dans la communauté nationale et son attachement aux valeurs de liberté, égalité, fraternité".

A Paris
Pour la première fois selon l'entourage du secrétaire d'Etat Hubert Falco, cette journée de commémoration a célébré l'hôtel Lutetia où ont été accueillis les rescapés des camps à leur libération. L'hôtel parisien était investi durant l'occupation par les services de contre espionnage nazi.

"Trois femmes (Elisabeth Budault, Denise Mantoux, Sabine Zlatin), trois femmes exceptionnelles, se démenaient ici pour accueillir les déportés (...) On s'organise, on affiche des noms, des bénévoles se portent volontaires pour accueillir les déportés. Un réseau de solidarité se met en place. Sur les murs de l'Hôtel Lutetia fleurissent des affiches poignantes", a déclaré lors d'un discours M. Falco, pour qui "l'Hôtel devient le point de ralliement de tous les espoirs. Et souvent, malheureusement, des plus cruelles désillusions".

"Si nous nous souvenons, soixante-cinq ans après les faits, des malheurs et des tragédies qu'il a abrités, a-t-il poursuivi, ce n'est pas pour gâcher notre bonheur, mais bien pour le sauver".

La reconnaissance des souffrances des homosexuels progresse
L' Association civile homosexuelle du devoir de mémoire, les "oubliées(e) de la mémoire", a participé dimanche à cette Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation de la Seconde Guerre mondiale.

Depuis 2001, les associations d'homosexuels sont associées à la commémoration unitaire même si, dans certaines villes, les relations sont encore tendues entre associations d'anciens combattants et associations d'homosexuels.

"Il y a encore des efforts à faire, on commence à en parler", a d'ailleurs souligné Philippe Couillet, président de l'association des oubliés de la mémoire. A ce jour, a-t-il rappelé, officiellement 63 personnes ont été déportées en raison de leur homosexualité durant la deuxième Guerre mondiale (1939-45). Dans l'ensemble de l'Europe, quelque 100.000 personnes ont été inquiétées pour des motifs d'homosexualité et 10.000 déportées, 60% étant morts dans les camps, a-t-il ajouté.

La reconnaissance de la déportation pour motif d'homosexualité poursuit son chemin, assure par ailleurs l'association. Le 15 mai, doit être dévoilée, sur la façade du théâtre municipal de Mulhouse, la première plaque de France honorant cette mémoire.

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