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Patrick Ollier : "Je suis un con et je ne sais pas pourquoi"

Epinglé sur le "mur des cons" du Syndicat de la magistrature, aux côtés de nombreux anciens ministres de l'ère Sarkozy, le député UMP des Hauts-de-Seine dénonce une faute des magistrats.

Article rédigé par Lorraine Kihl - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le député UMP des Hauts-de-Seine Patrick Ollier à l'Assemblée nationale, le 11 mars 2013. (THOMAS SAMSON / AFP)

Bronca à l'UMP après la publication par Atlanticomercredi 24 avril, d'une vidéo montrant le "mur des cons" du Syndicat de la magistrature. Un tableau défouloir où les portraits de personnalités politiques et médiatiques, majoritairement de droite, sont épinglés, et parfois agrémentés de commentaires.

Interrogé par francetv info, Patrick Ollier, député UMP des Hauts-de-Seine et ancien ministre des Relations avec le Parlement, présent sur ce tableau, rejoint Christian Jacob dans sa dénonciation d'une rupture du serment d'impartialité et d'indépendance des magistrats.

Francetv info : Le "mur des cons", c'est "une blague potache" ou "la rupture du serment d'impartialité" des magistrats ?

Patrick Ollier : En parlant de blague potache, le Syndicat de la magistrature essaie de s'exonérer de la faute qu'il a commise. On ne parle tout de même pas de lycéens ou d'étudiants mais de magistrats, qui sont tenus à un serment d'indépendance ! Les personnes placardées sur ce mur, hommes politiques, journalistes, intellectuels, peuvent dorénavant légitimement supposer de mauvaises intentions des magistrats à leur égard. La présidente du syndicat, Françoise Martres, l'a dit elle-même [dans une interview à Metro] : c'est un syndicat de gaucheQue des magistrats se positionnent politiquement, c'est du jamais-vu. Alors oui, il y a un doute légitime sur l'impartialité de ces juges et procureurs.

La politique judiciaire menée sous le mandat de Nicolas Sarkozy est-elle à l'origine de cette hostilité ?

Ce n'est pas nouveau à proprement parler, mais c'est la première fois qu'on en a la preuve. Les mesures prises lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy allaient dans le bon sens. Elles n'étaient pas de nature à créer de l'hostilité, à moins d'avoir un problème avec le fait de punir plus sévèrement des récidivistes. Maintenant, on peut peut-être se poser la question de la formation des magistrats, qui viennent tous de la même école. On critique les énarques car ils sortent tous du même moule. On devrait peut-être mener le même type de réflexion sur les magistrats.

Qu'est-ce qui vous a valu de figurer au tableau, selon vous ?

J'ai été étonné d'y trouver ma photo. Je suis un con et je ne sais pas pourquoi. A part un passage au cabinet du ministre il y a longtemps [il a été conseiller d'Alain Peyrefitte de 1977 à 1981], je n'ai eu affaire à la justice que lorsque je me suis constitué partie civile dans l'affaire Clearstream. Mieux vaut en rire, mais il est difficile d'être ainsi placardé sans savoir pourquoi. La prochaine fois, ils pourraient avoir l'élégance de nous faire parvenir une lettre : "Monsieur, nous avons l'honneur de vous instituer 'con' pour tel et tel motifs…" Je ne sais pas. J'ai peut-être soutenu des prises de position fortes qui ont déplu.

Qu'espérez-vous de la plainte que vous avez déposée avec Christian Jacob ?

L'insulte mérite une réaction. On n'en retirera probablement rien de plus qu'une condamnation symbolique, mais il faut montrer que nous trouvons cela inacceptable. L'autorité judiciaire ne peut pas se permettre n'importe quoi.

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