Nouvelle-Calédonie : "J'ai l'impression que l'État avance en force et attise le feu", dénonce Emmanuel Tjibaou

Le fils de Jean-Marie Tjibaou, figure emblématique de l’indépendantisme kanak en Nouvelle-Calédonie, s'interroge sur la "stratégie bizarre" de l'État français.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Emmanuel Tjibaou, fils de Jean-Marie Tjibaou, signataire des accords de Matignon, le 2 novembre 2018. (JEAN-MICHEL NIESTER / MAXPPP)

"Aujourd'hui, l'État discute avec un couteau sous la gorge", regrette samedi 18 mai sur franceinfo Emmanuel Tjibaou, fils de Jean-Marie Tjibaou, figure emblématique de l’indépendantisme kanak en Nouvelle-Calédonie, l'un des signataires des accords de Matignon, assassiné en 1989.

Depuis plusieurs jours l'archipel est en proie à des émeutes qui ont fait six morts et de nombreux blessés. Emmanuel Tjibaou ne souhaite pas transmettre de "message" particulier, mais veut "appeler à la raison, au calme". Il est envahi par "un sentiment de tristesse et de colère". Le fils de Jean-Marie Tjibaou s'interroge sur la "stratégie bizarre" de l'État français. "J'ai l'impression que l'État avance en force, il attise le feu et joue au pompier derrière", constate-t-il.

"C'est l'État le responsable"

L'adoption par l'Assemblée nationale du projet de révision constitutionnelle qui prévoit l'élargissement du corps électoral aux élections provinciales a mis le feu aux poudres. Les indépendantistes y voient dans cette réforme un moyen de réduire l'influence du peuple autonome kanak : "Aujourd'hui, l'État discute [en mettant] un couteau sous la gorge en disant : 'Si vous ne discutez pas, je dégèle le corps électoral.' C'est inévitable que cette violence institutionnelle se traduise par une violence sur le terrain", explique-t-il.

Le Congrès est censé se réunir fin juin pour valider cette révision constitutionnelle avant les prochaines élections provinciales de la fin de l'année : "C'est l'État le responsable. Il a toutes les cartes en main", assure Emmanuel Tjibaou. "On dit qu'il faut dégeler le corps électoral alors" qu'il "a été fixé dans l'accord de Nouméa. On ne peut pas dire aux gens de discuter, et puis de l'autre côté, faire passer en force le texte", dénonce Emmanuel Tjibaou.

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