Nouvelle-Calédonie : Jean-Marc Ayrault appelle à "suspendre l'examen de la réforme du corps électoral avant que la situation ne se dégrade"

L'ancien Premier ministre a co-signé une tribune en ce sens dans "Le Monde" avec Manuel Valls et Édouard Philippe. Il craint un nouveau conflit entre les loyalistes et les indépendantistes.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
L'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le 15 avril 2024. (LUDOVIC MARIN / POOL)

Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre, a appelé lundi 13 mai sur franceinfo à "suspendre l'examen" de la "réforme du corps électoral", qui suscite de vives tensions en Nouvelle-Calédonie. Il a co-signé ce week-end dans Le Monde une tribune avec Manuel Valls et Édouard Philippe invitant Matignon à reprendre le dossier. "Il faut redonner une dimension plus politique globale et interministérielle à ce dossier et surtout remettre du dialogue dans le moteur" a-t-il préconisé.

Emmanuel Macron a proposé dimanche une rencontre à Paris pour relancer le dialogue, alors que l'Assemblée nationale se penche lundi et mardi sur un projet de loi constitutionnelle, contesté par les indépendantistes, qui permettrait à de nouveaux résidents installés depuis moins de 10 ans de voter aux élections locales de la Nouvelle-Calédonie. La main tendue du chef de l'État "va dans le bon sens", selon l'ancien Premier ministre. "Ça veut dire qu'il y a une partie de notre message qui a été entendue", a-t-il estimé. 

Mettre en place "une nouvelle commission du dialogue"

Jean-Marc Ayrault n'est pas certain que cela suffise à calmer les indépendantistes qui voient dans ce projet de loi le risque de "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak" au profit des nouveaux arrivants. Le spectre d'un conflit sanglant, vécu dans les années 1980 entre les loyalistes et les indépendantistes ressurgit. "C'est dangereux parce que l'histoire nous enseigne que ça peut dégénérer", a estimé Jean-Marc Ayrault. Ce conflit avait débouché sur les Accords de Matignon en 1988 sous l'égide de Michel Rocard. 

Visiblement, le gouvernement souhaite donner le temps à la discussion après le vote du Parlement : "C'est une mauvaise méthode" alors que "le climat est très dégradé, la confiance s'est érodée, notamment à l'égard de l'État", a estimé l'ancien Premier ministre. Jean-Marc Ayrault craint que cela soit perçu "comme un passage en force" par les indépendantistes. Il propose également "qu'on mette en place une nouvelle commission du dialogue comme ça a été le cas sous Michel Rocard et Lionel Jospin". Selon lui, "il faut le faire vite, avant que la situation ne se dégrade". Le prochain scrutin provincial est censé se tenir avant le 15 décembre.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.