Emeutes en Nouvelle-Calédonie : ce qu'il faut retenir de la journée du 15 mai
Emmanuel Macron tente de trouver une sortie de crise après des nuits d'émeute en Nouvelle-Calédonie qui ont fait quatre morts, dont un gendarme, et des centaines de blessés. Après s'être résolu à déclarer l'état d'urgence, il présidera jeudi 16 mai une "réunion de suivi" sur la situation. La cause de la contestation est une réforme du corps électoral local, contestée par les indépendantistes kanaks qui redoutent d'être mis en minorité. Les violences n'ont pas empêché les députés de voter dans la nuit de mardi à mercredi ce projet de loi constitutionnelle, qui doit encore être définitivement adopté par l'Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès.
Quatre morts, dont un gendarme
Les deux nuits d'émeutes ont fait quatre morts, dont un membre des forces de l'ordre. Le gendarme mobile de 22 ans, appartenant à l'escadron de Melun (Seine-et-Marne), a été touché par un tir à la tête. "Il est mort après une nuit de protection dans un endroit particulièrement dangereux", a détaillé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. "Les 'vieux', comme on dit chez vous en Nouvelle-Calédonie, sont venus parler aux gendarmes, il a retiré son casque et il s'est fait tirer dessus en plein front", a-t-il ajouté.
Incendies, pillages, affrontements armés entre émeutiers et population ou avec les forces de l'ordre, tout l'archipel est le théâtre depuis lundi d'émeutes particulièrement violentes, malgré l'instauration d'un couvre-feu à Nouméa et dans son agglomération. Gérald Darmanin a fait état de "centaines" de blessés au total, dont une "centaine" de policiers et gendarmes.
Appel au calme
Les principaux partis indépendantistes et non-indépendantistes de Nouvelle-Calédonie ont appelé "solennellement l'ensemble de la population" du territoire "au calme et à la raison". "Malgré la situation insurrectionnelle que nous traversons depuis quarante-huit heures et parce que nous sommes appelés à poursuivre le vivre-ensemble, nous appelons solennellement l'ensemble de la population au calme et à la raison", écrivent dans un communiqué commun l'UC-FLNKS, l'Union nationale pour l'indépendance, Les Loyalistes, le Rassemblement-LR et l'Eveil océanien.
Entrée en vigueur de l'état d'urgence
L'état d'urgence sur l'archipel est entré en vigueur à partir de 20 heures (heure de Paris), 5 heures à Nouméa. Il permet à l'Etat de disposer de compétences renforcées pour assurer le maintien de l'ordre. Ce dispositif, déclenché huit fois depuis 1955, permet des mesures de sécurité exceptionnelles, comme des restrictions à la liberté de circulation ou de réunion.
L'état d'urgence s'accompagne aussi de sanctions pénales adaptées. La violation des mesures réglementaires prises dans ce cadre expose à six mois de prison et 7 500 euros d'amende et la violation d'assignation de résidence est punie de trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
De premières assignations à résidence
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé avoir assigné à résidence cinq personnes dans la foulée de l'entrée en vigueur de l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie, en proie à de violentes émeutes. "Je viens de signer les cinq premiers arrêtés d'assignation à résidence de responsables radicaux et violents", a indiqué le ministre de l'Intérieur sur X. "Sur mon instruction, des perquisitions administratives seront menées par les forces de l'ordre immédiatement", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, quelque 70 interpellations ont eu lieu au cours des dernières 24 heures en Nouvelle-Calédonie, a annoncé jeudi matin à Nouméa le Haut-commissariat de la République. Louis Le Franc, haut-commissaire de la République, a salué dans un communiqué "l'engagement et le professionnalisme des forces de l'ordre qui font l'objet d'attaques : 64 gendarmes et policiers ont été blessés" et "près de 200 émeutiers ont été interpellés" depuis lundi.
Interdiction de TikTok et déploiement de l'armée
Gabriel Attal a annoncé le déploiement de militaires "pour sécuriser" les ports et l'aéroport de Nouvelle-Calédonie, confrontée à une vague de violences, ainsi que l'interdiction du réseau social TikTok, un réseau social réputé très utilisé par les émeutiers, a précisé le Premier ministre. Le haut-commissaire sur ce territoire, Louis Le Franc, a également annoncé un couvre-feu. Une nouvelle cellule interministérielle de crise doit se tenir au ministère de l'Intérieur jeudi à 8h30.
Un Congrès avant l'été en cas d'absence d'accord
Emmanuel Macron a averti que le Congrès se réunirait "avant la fin juin" pour adopter définitivement la révision constitutionnelle contestée sur la Nouvelle-Calédonie, si indépendantistes et loyalistes ne se mettent pas d'ici là d'accord sur un texte plus global. "Il s'agira, collectivement et en responsabilité, de trouver un accord qui dépasse le seul dégel [du corps électoral] et tienne compte du chemin parcouru et des aspirations de chacun", écrit-il dans un courrier aux représentants calédoniens. "En l'absence" d'un tel accord, "le Congrès se réunirait avant la fin juin", a-t-il ajouté.
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