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Nicolas Sarkozy a repris mardi l'un de ses thèmes de campagne de 2007 lors d'un déplacement dans les Ardennes

Comme il y a quatre ans, le chef de l'Etat a choisi ce département pour exprimer sa volonté de faire profiter les salariés des dividendes de la reprise en défendant son projet de prime exceptionnelle que le gouvernement souhaite voir votée en juin.A cette occasion, il a annoncé que cette prime sera exonérée de charges sociales.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Nicolas Sarkozy à Renwez (Ardennes) le 19 avril 2011 (AFP - PHILIPPE WOJAZER)

Comme il y a quatre ans, le chef de l'Etat a choisi ce département pour exprimer sa volonté de faire profiter les salariés des dividendes de la reprise en défendant son projet de prime exceptionnelle que le gouvernement souhaite voir votée en juin.

A cette occasion, il a annoncé que cette prime sera exonérée de charges sociales.

Sarkozy: "Je ne suis pas socialiste" mais mon devoir c'est de réfléchir (...) avec justice"

"J'ai demandé au gouvernement de prévoir un dispositif qui assurera que, en sortie de crise, les salariés et les ouvriers français aient le sentiment qu'on tienne compte de leurs efforts et qu'il y ait davantage de justice ", a-t-il dit pour justifier son projet de prime face à des ouvriers de l'usine La Fonte ardennais.

Il a justifié son initiative par le fait que les négociations ouvertes depuis deux ans à sa demande par les partenaires sociaux sur le partage de la valeur "n'ont pas avancé d'un centimètre".

"Je vous rassure, je ne suis pas socialiste, je ne suis pas de gauche (mais) mon devoir c'est de réfléchir avec cohérence, avec bon sens, et avec justice."

Les modalités de cette prime, critiquée par les partenaires sociaux et l'opposition, seront connues "dans les jours à venir", a ajouté le Président.

Les paramètres de la prime déjà connus
Les entreprises qui distribuent des dividendes en hausse devront négocier avec les syndicats pour déterminer son montant. Le ministre du Budget, François Baroin, a évoqué un ordre de grandeur de 1.000 euros.

"Pour les petites entreprises, le gouvernement est prêt à dire à toutes celles qui verseraient une prime exceptionnelle qu'on l'exonérera de cotisations". " Naturellement, on ne les obligera pas mais on les incitera ", a indiqué le Président devant les salariés d'une fonderie de Vrigne aux Bois, près de Charleville.

La réduction des déficits en ligne de mire

S'exprimant par la suite devant des maires du département réunis à Renwez, Nicolas Sarkozy a insisté sur la nécessité pour la France de réduire ses déficits "pour éviter qu'elle se trouve dans la situation du Portugal, de la Grèce ou de l'Irlande, et même aujourd'hui des Etats-Unis".

"Je comprends parfaitement vos protestations, les fermetures de classe, les fermetures de bureau de poste. Je vous demande de raisonner en citoyens français. Nous devons faire des économies pour éviter le drame que représente un pays trop endetté", a-t-il dit.

Soulignant que l'Education nationale a vu ses effectifs croître ces dernières années et qu'il fallait aujourd'hui réformer son organisation, le chef de l'Etat a souligné que "s'il suffisait d'embaucher des maîtres en plus pour résoudre tous les problèmes, on ne devrait avoir aucun problème en matière d'éducation".

Les Ardennes, terre de prédilection du thème social
En décembre 2006, quelques mois avant son élection, Nicolas Sarkozy était allé rendre hommage aux Ardennes, "la vraie France", en parlant, à Charleville -Mézières, de "la France qui souffre" et qui vote Le Pen".

"Je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas, je ne vous abandonnerai pas", avait-il lancé à un auditoire durement frappé par le chômage, et sérieusement tenté de voter pour le Front national. C'est là aussi qu'il avait testé son slogan "travailler plus pour gagner plus".

Ces formules avaient convaincu. Et assuré sa victoire. Quatre ans plus tard, une partie de ces électeurs ont changé d'avis, si l'on se réfère aux différents sondages publiés. Ainsi, les classes populaires ne lui accorderaient que 10 % d'intentions de vote, contre 31 % au FN.

Revue de presse: "Le roi est nu"

La presse quotidienne régionale revenait largement mercredi sur le discours de Nicolas Sarkozy, la veille, dans les Ardennes. Si ses éditorialistes admirent le "panache" et le "culot" du chef de l'Etat, ils ne croient guère à ses promesses, plombées par la crise.

"Nicolas Sarkozy sait très bien que les seules cordes de l'immigration et de la sécurité ne suffiront pas à reconquérir le terrain perdu dans les élections intermédiaires. C'est pourquoi il réinvestit le terrain social", constate Patrice Chabanet dans Le Journal de la Haute-Marne.

D'où l'admiration que l'on sent poindre chez certains éditorialistes. "Quoi que l'on pense de son action à la tête du pays, on doit bien reconnaître que Nicolas Sarkozy ne manque pas de panache", commente Michel Lépinay dans Paris Normandie. En réenfilant "son costume de président du pouvoir d'acgat, préoccupation phare de la France d'en bas"", "il ne manque pas de culot", observe Didier Louis, dans Le Courrier Picard. "Alors qu'il bat des records d'impopularité, le défi lui semble excitant", observe Pierre Fréhel dans Le Républicain Lorrain.

Pour autant, rien n'est gagné... Même si "l'idée présidentielle se défend au-delà même de son aspect électoral (l'échéance présidentielle se rapproche)", estime Patrice Chabanet dans Le Journal de la Haute-Marne. "Mais son application s'avère des plus délicates, et cela en raison de lourdes erreurs de communication gouvernementale", poursuit son éditorial.

Un problème de communication, alors... "Son problème ? C'est que le coup de la bataille - des mots - des Ardennes, ne peut être servi qu'une seule fois. A force d'avoir fait et défait, les Français lui montrent tous les jours dans les sondages que son discours manque de rebond", écrit Yann Marec dans Le Midi Libre.

Hubert Coudurier, dans Le Télégramme, est plus méchant: "Le problème d'un séducteur, c'est l'âge. Vieillir avec des formules qui ne touchent plus, se retrouver face à un public désabusé, inventer de nouveaux trucs de communication pour plaire encore et toujours".

Michel Vagner, du Républicain Lorrain, est tout aussi sévère. Il a vu dans l'intervention présidentielle "un "revenez-y" culotté et vain, tant le discours prononcé a semblé couler sur les bleus de travail des fondeurs de Renwez comme l'eau sur les plumes des canards, sans accrocher".

Il faut dire que "pour étayer sa posture sociale du jour, Nicolas Sarkozy n'avait pas grand grain à moudre", estime Michel Lépinay dans Paris-Normandie. "Les caisses sont vides", constate Hubert Coudurier dans Le Télégramme. La crise est passée par là...

"Il ne reste donc qu'à promettre tout et n'importe quoi. Sauf que Sarkozy a perdu son magnétisme. La France des aurores blafardes ne croit plus à la lune", commente Jacques Camus dans La République du Centre.

"Tout traduit aujourd'hui un sentiment d'improvisation alors que le roi est nu. Du coup, les mesures de rattrapage du pouvoir d'achat proposées par Nicolas Sarkozy sont financées avec l'argent des autres", écrit Jacques Camus dans La République du Centre.

Dans La République des Pyrénées, Jean-Marcel Bouguereau ne dit pas autre chose. A ses yeux, "Sarkozy ne s'est visiblement pas entouré de ces experts dont il s'est abondamment moqué, car ceux-là lui auraient dit que la question du pouvoir d'achat pourrait être explosive d'ici fin 2012".



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