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Miguel Duquenet, conducteur présent aux côtés du jeune gitan tué, s'est rendu jeudi au palais de justice de Blois

Il veut témoigner sur le tir ayant tué Luigi Duquenet.Selon lui, "il faisait nuit noire à l'entrée du village, j'ai vu des ombres qui sortaient d'une petite rue sur le côté, j'ai pensé que c'était des gens du pays, j'ai freiné pour ne pas leur rentrer dedans, puis il y a eu deux tirs, mon cousin m'est tombé dessus, il n'y a eu aucune sommation".
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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François Chissorez porte le cercueil de son fils Luigi Duquenet, à Saint-Gervais-la-Forêt, le 20 juillet 2010. (AFP/ALAIN JOCARD)

Il veut témoigner sur le tir ayant tué Luigi Duquenet.

Selon lui, "il faisait nuit noire à l'entrée du village, j'ai vu des ombres qui sortaient d'une petite rue sur le côté, j'ai pensé que c'était des gens du pays, j'ai freiné pour ne pas leur rentrer dedans, puis il y a eu deux tirs, mon cousin m'est tombé dessus, il n'y a eu aucune sommation".

Depuis le drame, cet homme de 38 ans assure être resté chez lui, avec sa famille, dans une petite maison de Chatillon-sur-Cher où il a reçu l'AFP avant de partir se rendre à Blois.

"Ce que je veux, c'est que la vérité sorte, que ça soit dit à la télé et qu'on arrête de raconter des choses fausses sur nous", a-t-il dit. "Quand on veut arrêter une voiture, on fait un barrage sur la route, on met des herses, on essaie de crever les pneus, il n'y avait rien de tout ça, c'était un guet-apens, c'est tout", a dit Miguel Duquenet.

Alors qu'on le recherche depuis cinq jours et que la justice le soupçonne de "tentative d'homicide volontaire sur des gendarmes" et de "non-assistance à personne en danger", il s'est étonné que personne ne soit venu l'interpeller. "J'ai toujours dormi chez moi depuis les faits, je ne me suis jamais caché. Tout le monde sait que je suis ici et les gendarmes aussi. Ca fait 26 ans qu'on vit ici, je n'ai jamais eu l'intention de me sauver", a affirmé cet homme mince et brun aux yeux cernés. "Je suis brisé", a-t-il dit, "le gendarme va mourir avec ça sur la conscience".

Deux enquêtes parallèles
Le parquet de Blois a ouvert mercredi deux informations judiciaires parallèles, sur les circonstances de la mort du jeune Luigi Duquenet et sur les risques encourus par les gendarmes qui tentaient de le stopper.

La première information judiciaire, pour "violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner", vise à éclaircir les circonstances dans lesquelles le gendarme a tué par balle le jeune dans la nuit du vendredi 16 au samedi 17 juillet, a précisé mercredi la procureure Dominique Puechmaille. La seconde recouvre le périple du jeune gitan avant sa mort, "le vol en réunion" à l'origine de la mobilisation des gendarmes, son "refus d'obtempérer" et surtout la "tentative d'homicide volontaire sur trois gendarmes" lors de sa fuite, a dit la magistrate.

Le conducteur qui ne s'est toujours pas rendu, contrairement à ses promesses, devra répondre de "non-assistance en personne en danger", car "il a fui sans se préoccuper du sort de son passager blessé par balle", a-t-elle ajouté.

Par ailleurs, les gendarmes ont commencé à identifier et localiser les responsables présumés des violences commises dans la vallée du Cher après le décès, a précisé le colonel Simon-Pierre Baradel, le commandant de gendarmerie de la région Centre.

Quatre suspects ont été placés en garde à vue à Blois, l'un pour des menaces de mort contre les gendarmes, les trois autres, dont un jeune de 17 ans, pour les dégradations commises dimanche matin à Saint-Aignan. D'autres interpellations sont prévues, a indiqué la procureure de Blois.

Recueillement après les violences
Les gens du voyage ont célébré mardi matin les funérailles du jeune homme, tué vendredi à un contrôle routier. 200 à 300 personnes, venues pour beaucoup en famille, parfois des départements voisins et avec de nombreux jeunes très émus, ont afflué mardi à l'église de Saint-Gervais-la-Forêt pour la cérémonie. "On ne tue pas un enfant comme cela", répétaient les proches alors que la mère du jeune homme arrivait en larmes, soutenue par un de ses fils. Après la messe, la petite foule est partie en direction du caveau familial, situé dans les environs.

Lundi, la famille élargie de la victime s'est rassemblée pour une veillée funèbre sur un terrain situé à proximité, avec plus de 200 caravanes groupées sur place. Les proches contestent farouchement la thèse de la légitime défense soutenue par les gendarmes. Côté justice, on attend le résultat des expertises balistiques et on assure que l'enquête est menée "de façon impartiale et rigoureuse".

Rappel des faits
Le parquet de Blois a livré dimanche soir quelques précisions sur l'enchaînement des faits. Lors d'un premier contrôle de gendarmerie, la voiture à bord de laquelle se trouvait "Luigi" ne s'était pas arrêtée, emportant sur son capot un gendarme pendant près de 500 mètres. Celui-ci en était retombé à la faveur d'un virage, légèrement blessé.

Au deuxième barrage, la voiture, avec cette fois deux occupants à son bord, l'un étant monté entre le premier et le deuxième contrôle, a fait mine de s'arrêter. Puis, elle a réaccéléré et foncé sur deux gendarmes. L'un des deux a alors tiré deux balles en direction du véhicule, qui a continué sa course. Le corps sans vie de la victime a été retrouvé à Saint-Romain-sur-Cher, à une dizaine de kilomètres du lieu de la fusillade, où réside une importante communauté des gens du voyage. Le deuxième occupant de la voiture est en fuite et recherché.

Deux gendarmes, dont le tireur, ont été placés en garde à vue après les faits puis relâchés, a précisé la substitute du procureur de Blois, Bénédicte Laude dimanche soir. Un membre de la famille de l'homme tué a été reçu au palais de justice de Blois. Selon les premiers éléments de l'enquête, l'homme aurait eu peur d'un contrôle car il n'avait pas de permis de conduire. Mais, il aurait également craint d'être arrêté alors qu'un vol venait d'être signalé dans la commune voisine.

De nombreux incidents sont survenus ce week-end dans la vallée du Cher, après la mort d'un jeune de la communauté du voyage vendredi: voitures brûlées, vitrine défoncée à la voiture bélier, salles de mairies incendiées. La gendarmerie a été attaquée dimanche matin par des membres de la communauté de gens du voyage en colère.

La petite commune de Saint-Aignan, 3.400 habitants, a été réveillée dimanche matin par un face-face entre gendarmes et gens du voyage.

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