Reportage "Voilà dans quel état la France nous laisse, c'est inadmissible !" : des Mahorais désespérés et de plus en plus séduits par Marine Le Pen

Après un déplacement à La Réunion mercredi, la cheffe des députés du Rassemblement national est à Mayotte ce week-end. Déçus par les promesses non tenues du gouvernement, beaucoup d'habitants sont prêts à soutenir le parti d'extrême droite aux prochaines élections.
Article rédigé par franceinfo
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Un campement de migrants dans le quartier Cavani à Mamoudzou (Mayotte), avril 2024 (AUDREY TISON / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Marine Le Pen poursuit son déplacement à Mayotte, l'île française de l'Océan indien où elle est arrivée samedi 20 avril, quatre jours après le lancement de l'opération "Place nette" par le gouvernement visant à interpeller des chefs de gang et à expulser des sans-papiers, pour la plupart comoriens.

Sur le terrain, la plupart des habitants ne voient pas encore les résultats de cette nouvelle opération de sécurisation, et se désespèrent, comme dans le quartier Cavani de Mamoudzou (la ville préfecture).

Des migrants africains qui attendent ou dorment sur des matelas de fortune sur les trottoirs, des déchets dans tous les sens, des vêtements qui pendent. Pour André c'en est trop : "Voilà dans quel état la France nous laisse. C'est inadmissible des conditions comme ça !" 

Ces habitants ne supportent plus ce qui se passe juste devant chez eux. Anliatime Voulana, une mère de famille, explique ce qui se passe depuis un mois. "Les migrants avaient pris d'assaut notre stade de Cavani, dit-elle. Le camp a été démantelé mais le problème n'a pas été résolu. Ça s'est déplacé vers notre ruelle où ils campent et font leurs besoins dans nos rues", relate-elle.

Pas de résultats concrets

Des habitants exaspérés et qui ne voient pas de changement malgré le lancement de l'opération "Place nette" par le gouvernement il y a quelques jours. "Moi je n'ai pas vu de changement. Il y a des policiers aux abords des routes lorsqu'il y a les sorties de nos enfants, mais c'est tout. Ça s'arrête à ça", constate Anliatime Voulana. Pour sa voisine, l'élue Laini Abdallah Boina, il n'y a pas 36 solutions : "Renvoyer ceux qui sont expulsables et trouver d'autres solutions pour ceux qu'on juge réguliers comme ils disent, soit les envoyer en métropole ou en Europe".

Et surtout il faut stopper le flux d'arrivée des embarcations en provenance des Comores et d'Afrique, pour André. "Il y a tous les jours les bateaux, on ne fait rien du tout, on a annoncé 'la barrière de fer' mais elle est où ? Je ne l'ai jamais vue", s'impatiente-t-il. Il fait référence au "rideau de fer dans l'eau" annoncé par Gérald Darmanin en février dernier pour empêcher le passage des personnes migrant illégalement par bateau.


André en veut au gouvernement qui ne tient pas ses promesses. Alors les habitants de Cavani passent leurs messages à tous ceux qui veulent bien les écouter. La dernière en date, c'est Marine Le Pen. "Elle n'est pas au gouvernement, mais une fois qu'elle aura vu ce que nous nous vivons ici, elle pourra encore lancer un coup de gueule comme elle a l'habitude de le faire, espère Laini Abdallah Boina. Ça va peut-être pousser le gouvernement à agir rapidement parce qu'on ne vit plus".

Une mère de famille ajoute : "Elle a annoncé des solutions qui pourraient vraiment sortir Mayotte de tout cela. Mais malheureusement, elle n'est pas au pouvoir pour nous aider actuellement". Comme de nombreux Mahorais, cette mère de famille s'apprête à voter pour le Rassemblement national aux prochaines élections.

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