Reportage Gérald Darmanin accueilli sous les huées à Mayotte : "On ne veut qu'une chose, des actes et tout de suite, pas demain, pas de blabla"

Après plusieurs semaines de troubles à Mayotte, le ministre de l'Intérieur et la nouvelle ministre déléguée à l'Outre-Mer, sont arrivés à Mamoudzou dimanche matin avec une annonce choc : la fin annoncée du droit du sol. C'est la première fois que ce droit est remis en cause  sur le territoire français.
Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un barrage monté par des Mahorais lors de la grève générale de 2018 à Mayotte (photo d'illustration). (LAURENT MACCHIETTI / RADIO FRANCE)

Gérald Darmanin est arrivé dimanche 11 février en bateau sur Grande-Terre, sous les huées des Mahorais, venus protester contre la dégradation de la situation dans l'archipel, malgré les annonces faites plus tôt dans la matinée, et notamment la fin de droit du sol. "Il ne sera plus possible de devenir français si on n'est pas soi-même enfant de parent français", a déclaré le ministre de l’Intérieur, visant directement l'immigration venue des Comores voisines.


Un drapeau bleu, blanc, rouge à la main, debout face aux nombreux gendarmes mobiles déployés, Marina, conseillère chez Pôle emploi, a du mal à se réjouir. "C'est une avancée, mais pas assez significative pour nous, les Mahorais, parce qu'on souffre. On se fait tuer chez nous, on en a marre. Vous voyez, ils crient : 'Gazez- nous !, parce qu'on se fait tellement gazer tous les jours que finalement, c'est devenu une habitude. Nos enfants vivent avec ça. La plupart des enfants mahorais aujourd'hui deviennent asthmatiques à cause des gaz. On en a marre". 

"Tant qu'il n'y a pas d'avancée significative, on ne lèvera pas les barrages".

Marina, conseillère chez Pôle emploi à Mayotte

à franceinfo

"On ne demande pas que le droit du sol, ça fait 30 ans qu'on demande à vivre en paix chez nous, explique un homme. Ça change quoi pour nous ? Les mutilations, les viols, les attaques... On ne veut qu'une chose, des actes et rien que des actes, et immédiats. Tout de suite, pas demain, pas de blabla. Il y en a marre !" hurle-t-il excédé.

Pour Saïd Kambi, le porte-parole des Forces vives de Mayotte qui paralysent l'île depuis trois semaines, le ministre de l'Intérieur va devoir se montrer convaincant : "Ce que le ministre a dit ce matin, ce n'est que de la communication afin d'endormir les Mahorais. Nous ne sommes pas endormis, nous sommes vigilants. Le ministre parle de la modification de la Constitution. C'est une loi qui sera très difficile à mettre en place parce que, non seulement ils n'ont pas de majorité à l'Assemblée nationale, mais encore faut-il un délai avec la mobilisation de l'ensemble du Parlement. Donc ça sera quasiment impossible de faire un changement constitutionnel avec la majorité qu'il y a aujourd'hui au Parlement".

Sans assurance ferme du ministre de l'Intérieur, les collectifs refuseront de lever les barrages. L'heure est à la négociation à Mayotte. 

Mayotte : les habitants attendent "des actes" : reportage de Gaële Joly

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